Formation du prochain gouvernement : difficile gestion des ambitions

Mardi 15 Décembre 2020 - 14:24

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Dans son discours devant le Congrès le 14 décembre, le chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi, a, comme qui dirait, signé l’acte de décès de la coalition FCC-Cach qui, en deux années d’exercice, n’a pas été en mesure d’apporter le sourire au peuple congolais.

mediacongo.net - Actualités - Etat de la Nation : Félix Tshisekedi va  parler !Ce discours laisse entrevoir une nouvelle idée directrice du Congo dans un Parlement autrefois sous la coupe de la « Kabilie » obligée de céder le flanc à une nouvelle majorité en gestation. Plus qu’un discours, il s’est agi de la confirmation de l’Union sacrée de la nation censée accompagner le chef de l’Etat dans les trois années restants de son quinquennat. A présent que le tour est joué, et que Félix Tshisekedi peut aujourd’hui se targuer de disposer d’une majorité confortable à la Chambre basse après l’effritement de la majorité FCC suite à la défenestration du bureau Mabunda, le plus dur reste à faire.           

Les prochaines échéances qui s’annoncent devraient être laborieuses pour le chef de l’Etat qui devra s’atteler à maintenir les équilibres au sein de la nouvelle majorité sur fond d’une bonne gestion des ambitions. Car, faut-il le dire, beaucoup ont rejoint la nouvelle plate-forme non par conviction, ni par patriotisme, mais bien par opportunisme pour un positionnement qu’inspire le contexte politique de l’heure. La transhumance des hommes politiques congolais pouvant facilement passer d’une extrémité à une autre sans transition dès lors que l’impératif du ventre l’impose, aura favorisé, dans une certaine mesure, la constitution de cette union sacrée de la nation. Dès lors, il faudrait éviter que cette dernière ressemble à un panier à crabe, une sorte de fourre-tout où se retrouvent tous les damnés du FCC qui croient trouver là un motif de régénérescence politique. Il s’agit plutôt d’un rassemblement des patriotes, des passionnés du Congo, ou mieux, de tous ceux qui l’aiment véritablement et veulent lui donner une chance d’accéder à l’émergence tout en étant en phase avec les aspirations de son peuple.           

Pour ce faire, Félix Tshisekedi n’a pas besoin des opportunistes ni des ventriloques. Après la nomination d’un informateur chargé d’identifier la nouvelle majorité,  s’en suivra la mise en place d’un gouvernement censé travailler en harmonie avec lui aux fins de mettre en œuvre les réformes envisagées. Et c’est sans doute là où les romains risquent de s’empoigner au vu du nombre des députés à satisfaire qui, pour beaucoup, s’attendent à des dividendes après avoir mouillé le maillot pour la déchéance du bureau Mabunda. D’après des indiscrétions, il appert que Félix Tshisekedi soit amené à réduire la taille du gouvernement pour plus d'efficacité dans l'action, mais aussi et surtout, pour sécuriser les maigres finances publiques. La feuille de route de ce gouvernement - qui sera le fruit de la nouvelle coalition -, étant essentiellement axée sur le bien-être de la population congolaise, il est évident que la recherche de l’efficacité et du rendement sera son principal leitmotiv.   

Avec un format réduit de l‘Exécutif national, qu’adviendrait tous ces députés qui ont volontairement quitté la barque FCC dans l’espoir d’engranger un portefeuille ministériel ? Entre les fidèles lieutenants de l’UDPS, les regroupements et partis  alliés, les transfuges du FCC et les lamukistes affranchis, Félix Tshisekedi est appelé à opérer une bonne symbiose tenant compte des apports des uns et des autres, de leurs poids politiques afin de justifier sa politique inclusive pour un Congo nouveau, libéré de toute velléité discriminatoire. Tout le monde ne pouvant être contenté dans un contexte économique post-Covid-19 assez précaire qui requiert plus de rigidité dans la gestion des finances publiques, il est clair que des frustrations et des déceptions seront au rendez-vous.  

D’où l’importance pour le chef de l’Etat d’œuvrer dans le sens de faire comprendre la portée de sa démarche aux membres de sa nouvelle majorité appelée à s’approprier sa vision politique de sorte que tous regardent dans la même direction, sans intérêt politique quelconque. Et cette démarche devrait commencer en liminaire, par le renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale où des ambitions se font déjà jour. Là-dessus, la compétence, l’intégrité et une bonne dose patriotique devront primer sur des considérations politiciennes mesquines et sans issues le plus souvent à contrecourant des aspirations du peuple au bien-être.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le chef de l'Etat, Félix Tshisekedi s'exprimant devant le Congrès

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