Forum de Bangui: les participants entrent dans le vif du sujet

Mercredi 6 Mai 2015 - 17:30

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Après la répartition le mardi 5 mai dernier, des participants dans les commissions et sous-commissions, tour à tour des victimes et leaders de groupes armés, politiques, responsables de la société civile sont montés à la tribune pour dénoncer la souffrance du peuple centrafricain, les causes profondes de la crise avant d’appeler au pardon et à la réconciliation.

En l'espace de trois décennies de son histoire, la Centrafrique a connu environ une dizaine de dialogues de paix. Mais les recommandations assorties de ces rencontres citoyennes, ne sont malheureusement pas suivies d’effets. « Vous êtes donc réunis pour impulser à la République centrafricaine un nouveau départ. J’espère avec vous que celui-ci est le bon. », a lancé à l'endroit des participants lundi à l'ouverture du forum le président Denis Sassou N’Guesso, médiateur dans la crise centrafricaine.

Témoignant en qualité de victime des atrocités, Olga Mouté, une ressortissante de la préfecture de l’Ouham (région natale de l’ancien président François Bozizé) a raconté la souffrance que sa famille et elle ont subie, avant d’appeler au pardon. « Dans la sous-préfecture de Bouca, il y a eu beaucoup de dégâts. Ce sont les musulmans de la Séléka qui sont venus distribuer des armes et c’est comme ça qu’on a tué au moins 750 chrétiens, brûlé 1 500 maisons. On a tué ma mère, mes parents, mais j’ai décidé de pardonner parce qu’il faut pardonner pour tout recommencer. », a-t-elle confié.

Les interventions des leaders politiques et des groupes armés ont été les plus profondes: Auguste Boucanga, candidat  de l’URD à la présidentielle de 2005, a pointé du doigt l'Etat français. « La France est à l’origine des maux du pays. », a-t-il dit. Il a estimé que si la Centrafrique a plongé dans ce chaos, c’est à cause de la richesse minière du pays qu'elle a toujours enviée. Si le pays est en perpétuel conflit, c'est parce que la France s’est toujours opposée à l’exploitation « du pétrole, de l’uranium de Bakouma, ainsi que de la cimenterie de Nzilla » qui sont des biens du peuple centrafricain.

Il a été soutenu dans cette logique, par la déléguée de la préfecture de Bamingui Bangoron (nord-est), Alima Aziza, qui a imploré les Centrafricains à être vigilants sur « les ressources minières facteurs de multiples crises dans le pays ». Mouhamar Begué Bossin, leader du Front populaire "ZO KWE ZO" du feu président fondateur de la RCA, Barthélemy Boganda, a quant à lui dénoncé des velléités néocoloniales.

Faisant lui aussi le diagnostic de la situation centrafricaine, le délégué des ex-Séléka, Herbert Gotron Djono-Aba, a formulé les vœux des ressortissants du Nord notamment des populations musulmanes longtemps oubliées par Bangui: « La faible représentativité des musulmans dans les postes politiques, le non-respect des fêtes musulmanes, l’absence de l’Etat dans les régions du Nord, le déficit en infrastructures éducatives, routières dans cette partie de la RCA », sont selon lui, à l’origine de leurs mécontentements.

La journée du mardi 5 mai, a été marquée par la mise en place des commissions chargées de conduire les discussions. Quatre commissions ont alors été constituées, répondant aux quatre grandes thématiques retenues pour cet évènement national : les commissions justice et réconciliation, paix et sécurité,  gouvernance et la commission développement économique et social. Les débats se poursuivent et prendront fin le 11 mai prochain, avec sans doute, la signature des recommandations et nouveaux engagements politiques.

 

 

Fiacre Kombo