Genre : le Fnuap condamne les mariages précoces en Afrique

Jeudi 29 Mai 2014 - 16:27

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Julitta Onabanjo, directrice régionale pour l’Afrique de l’Est et australe ; Benoît Kalasa, directeur régional pour l’Afrique de l'Ouest et du centre ; et Mohamed Abdel-Ahad, directeur régional pour l’Afrique du Nord et les États arabes au Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), ont appelé, dans une tribune, à la fin du mariage des enfants sur le continent

Pour cette agence onusienne, une fille sur trois, dans le monde, est mariée avant l'âge de 18 ans et une sur neuf à 15 ans dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Si cette tendance se poursuit, chaque année, plus de 15,1 millions de filles deviendront des épouses. « Sur les 41 pays du monde qui présentent un taux de prévalence du mariage des enfants de 30% ou plus, bon nombre sont situés en Afrique. Cette pratique est plus grave en Afrique de l'Ouest où deux femmes sur cinq sont mariées avant l’âge de18 ans, et une femme sur six est déjà mariée avant d’atteindre l’âge de 15 ans », ont-ils annoncé dans une tribune commune, citant les cas du Tchad et du Soudan.

Ce phénomène est dû, entre autres, à plusieurs croyances et normes sociales, culturelles, religieuses et traditionnelles. À cela s’ajoute la dimension économique. En effet, pour de nombreuses familles vivant dans la pauvreté, le mariage des enfants est une source de revenus et donc une stratégie de survie économique. Ce qui engendre des conséquences graves et préjudiciables pour les filles et pour la société en général. Le mariage des enfants compromet la santé et l'éducation des filles, ainsi que les possibilités de réalisation de leur potentiel. Les victimes sont exposées à des grossesses et à des accouchements répétés avant d’être physiquement et psychologiquement prêtes.

Selon eux, le mariage des enfants est une question de droits humains et de santé publique qui ne peut que donner lieu à des contestations puisqu’il s'agit d'une violation des instruments des droits humains, comme la Convention relative aux droits de l'enfant et la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant. C’est ainsi qu’ils ont exigé des décideurs politiques du continent de protéger les droits des filles que leurs gouvernements se sont engagés à respecter. « Mettre fin au mariage des enfants permettrait non seulement de protéger les droits des filles, mais contribuerait également à réduire la prévalence des grossesses chez les adolescentes. La tolérance zéro pour le mariage des enfants devrait être notre objectif. L'adoption de lois interdisant le mariage des enfants est un premier pas dans la bonne direction, mais à moins que ces lois ne soient appliquées et soutenues par les communautés, leur impact sera négligeable », ont martelé les représentants du Fnuap.

Le Fnuap soutient la campagne de lutte contre le mariage des enfants

Pour mettre un terme à cette pratique néfaste, l’Union africaine a décidé de lancer une nouvelle campagne. Elle vise, entre autres, à mettre fin au mariage des enfants en soutenant la politique et l'action dans la protection et la promotion des droits de l'homme, mobiliser la conscience continentale sur le mariage des enfants, éliminer les obstacles et les goulots d'étranglement dans l'application de la loi, déterminer l'impact socioéconomique du mariage des enfants. Enfin, renforcer la capacité des acteurs non étatiques à engager un dialogue et un plaidoyer politiques sur la base de données probantes. « Le Fnuap estime que la campagne de l'Union africaine visant à mettre fin au mariage des enfants représente un tournant dans le combat mené en Afrique dans ce domaine. Nous ne devons plus tolérer que des enfants deviennent des épouses. Le moment est venu pour nous de nous engager à veiller à ce que nos filles puissent réaliser leur plein potentiel », ont conclu les trois fonctionnaires onusiens.

Parfait-Wilfried Douniama