Immigration : Cécile Kyenge repart à l’attaque

Mercredi 10 Décembre 2014 - 17:03

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Chaque jour qui passe relève des coins de voile sur un système mafieux ayant enserré la mairie de Rome sur l’immigration. Cécile Kyenge sort ses griffes.

L’ancienne ministre de l’Intégration, l’Italo-congolaise Cécile Kyenge, s’élève de nouveau contre les propositions qui tendent à faire de l’immigré le bouc-émissaire idéal dans un contexte de scandales autour de la mairie de Rome. Chaque jour qui passe révèle en effet combien la mairie de la capitale italienne était littéralement enserrée dans un réseau mafieux se nourrissant notamment de l’argent destiné aux centres d’accueil pour immigrés. Ces centres, disséminés un peu partout sur le territoire italien, servent à écrémer les demandes d’asile, et de point de refoulement pour ceux dont les demandes sont rejetées.

Mais la mafia avait repéré en eux un filon juteux. Captant les budgets servant à les gérer, elle s’est grassement servie donnant de l’Italie l’image d’un pays au double langage : tolérance zéro contre l’immigration clandestine d’un côté, mais se frottant les mains (dans les coupoles mafieuses) d’un autre côté de voir ces flux de migrants débarquant sur ses côtes. Avant d’être refoulés chez eux, les clandestins séjournent dans des camps de transit le temps d’examiner leur dossier. Ce temps est mis à profit, au propre comme au figuré, par les organisations criminelles.

C’est dans ce contexte que le ministre de l’Intérieur a réitéré une proposition qui ne semble pas susciter de réel enthousiasme au sein de l’Union européenne : installer dans les pays de provenance et de transit des migrants des guichets locaux chargés d’examiner les dossiers des futurs candidats au droit d’asile. Cécile Kyenge y est ouvertement opposée, et elle l’a dit notamment à l’occasion du énième naufrage de plus de 18 migrants la semaine dernière au large des côtes de Sicile.

« La vie, d’un migrant, d’un enfant clandestin ou non n’a pas de prix. Le ministre (de l’Intérieur ) Angelino Alfano continue de baser la stratégie de lutte contre l’immigration clandestine à partir de la Libye. Très bien, mais il serait surprenant qu’il trouve dans ce pays un interlocuteur capable de prendre en charge un problème aussi sérieux et urgent. Et pendant qu’il le cherche, les gens continuent de mourir en Méditerranée ». Ancienne ministre, première femme noire dans un gouvernement italien, Cécile Kyenge Kashetu est aujourd’hui députée européenne à Strasbourg. « Nous devons résolument pouvoir examiner sereinement toutes les demandes d’asile » et ne pas trancher dans l’émotion, a-t-elle soutenu dans un coup de griffe apparent contre l’extrême droite et surtout contre le parti de la Ligue du Nord.

Celui-ci continue de prôner les solutions extrêmes, y compris sortir de l’Union européenne, au nom d’une identité nationale souillée par ces milliers de nouveaux arrivants. La Ligue du Nord avait trouvé en Cécile Kyenge sa tête de turc attitrée,  l’accusant tantôt de vouloir imposer la polygamie en Italie «comme chez elle, au Congo », tantôt de constituer un véritable appel d’air à l’immigration « par ses déclarations irresponsables ». Mais celle-ci n’en a cure.

« À court terme, il nous faut sauver ces vies qui finissent en mer. L’opération Triton de l’ONU a visiblement été jugée insuffisante. Nous devons demander plus à l’Europe pour étendre les patrouilles de cette mission au-delà des 30 milles nautiques. Nous ne pouvons nous barricader dans une forteresse, indifférents à cette succession de pertes de vies humaines. Moi, je mettrai toutes mes forces dans ce combat au Parlement européen », a dit l’ancienne ministre.

Dans le même temps, Cécile Kyenge dont le nom est apparu dans la presse comme faisant – « peut-être » - partie du système ayant développé des mécanismes de captage des fonds publics autour de l’immigration dans les mairies, a ramené la presse à ses devoirs. « Ni moi, ni aucun de mes collaborateurs de l’époque où j’étais ministre n’avons été cités dans les enquêtes. Faisons comme a dit le cardinal (Angelo) Bagnasco (président des évêques italiens – Ndlr) qui demande que le travail des honnêtes ne soit pas enseveli sous la boue de quelques indélicats ».

Lucien Mpama