Immigration clandestine : encore des morts au large de Lampedusa

Lundi 8 Décembre 2014 - 14:15

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Le canal de Sicile a de nouveau enregistré des morts parmi les téméraires de l'immigration en force vers l’Europe.

Même le froid ne les avait pas dissuadé de monter à bord d’un canot pneumatique pour tenter, à partir des côtes libyennes, la dangereuse traversée de la Méditerranée. Au vu de l’état de leur embarcation vendredi soir en Sicile, on mesure le degré de désespérance qu’il a fallu pour pousser un individu à défier le sort jusqu’à l’insouciance sur sa propre vie. Canot éventré et en lambeaux, 73survivants grelotant de froid et demandant de l’eau : la mort en a fauché 18 parmi eux. Dix-huit parmi les plus faibles. Femmes et personnes âgées, mais aussi de très jeunes enfants: 7 parmi les morts. Les autorités italiennes critiquent le Frontex, ce dispositif  sensé prendre le relais de l’opération "Mare Nostrum" que Rome a dû se résoudre à fermer au bout d’un an parce qu’elle était la seule à la soutenir et qu’elle lui coûtait cher. Mais la polémique semble bien dérisoire désormais face à l’alignement de ces cercueils de migrants qui, encore une fois, n’ont touché la terre promise que sous forme de cadavres. « Nous pleurons ces morts, mais dans le même temps nous ne pouvons que répéter : la lutte contre les trafiquants et les passeurs est devenue une priorité ». C’est ainsi que s’est exprimé le ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano d’ordinaire pas si colombe que cela. C’est que la question de l’immigration s’invite aussi désormais dans le débat national, mais par un biais que l’on n’avait pas soupçonné jusqu’ici.

Une enquête autour des jeux peu clairs d’argent autour de la mairie de Rome a conduit les enquêteurs jusqu’à un réseau mafieux qui se finançait, notamment, sur l’argent de l’accueil aux immigrés. Des boss géraient en sous-main des camps de réfugiés, interceptant au passage l’argent débloqué par les institutions européennes et par les autorités italiennes pour les immigrés. Plus que jamais désormais, Alfano demande que des bureaux de vérification soient installés en Afrique pour ne laisser filtrer que des personnes présentant véritablement le profil du requérant d’asile. Beaucoup à Rome font la moue.

Lucien Mpama