Immigration : Rome propose des postes avancés en Afrique

Samedi 22 Novembre 2014 - 14:42

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Des guichets en Afrique œuvrant avec des organisations humanitaires : c’est la proposition du ministre italien de l’Intérieur pour contrer l’immigration dans son pays.

Le ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano, estime que son pays a subi depuis trop longtemps d’avoir à faire face seul à l’afflux des migrants voulant entrer à tout prix sur le sol européen. Il ne passe pas de semaine en effet que des embarcations de fortune ne déversent des migrants de toutes provenances, mais surtout d’Afrique, sur les bourgades de Sicile dont Lampedusa est devenue l’emblème de référence pour tout ce qui touche à l’immigration.

Or, soutient le ministre de l’Intérieur et leader du parti du Nouveau centre de droite (NCD, issu de la scission d’avec Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi), une bonne partie de ces hommes et de ces femmes finissent pas peser lourdement sur la machine administrative italienne même quand leur sort est d’être refoulé. Une part non-insignifiante du travail serait épargnée aux services italiens d’immigration si les dossiers étaient déjà écrémés dans les pays africains de traversée, surtout ceux du pourtour méditerranéen.

De tels bureaux rendraient également la tâche plus facile à l’Italie parce qu’ils pourraient procéder à la répartition sur tous les pays membres de l’Union européenne du fardeau des migrants. « Or aujourd’hui, il n’y a que cinq ou six nations européennes qui se chargent de toute la question de l’immigration », a souligné le ministre italien. De longue date, Rome se plaint d’être laissée seule face à ce problème. De guerre lasse, en octobre dernier elle a mis fin à son opération « Mare nostrum » de patrouille maritime en Méditerranée destinée à mettre fin à l’hécatombe en mer parmi les migrants.

L’Union européenne a dû consentir de mettre en place un dispositif de remplacement, appelé Triton. Mais le Vatican a d’ores et déjà émis ses critiques, estimant que Triton a un rayon d’action très limité alors que Mare nostrum a pu sauver des vies. « Encore une fois, on voit que les intérêts économiques semblent prévaloir sur tout. De fait, ce sont les droits et vie même des personnes qui sont relégués au second plan », a accusé le père Camillo Ripamonti, le nouveau président du Centre Astalli, organisme jésuite qui s’occupe des réfugiés.

Cela fait dire au ministre Alfano que sa proposition, si elle devait être approuvée par l’Union européenne, « soustrairait aussi les migrants aux traversées qui sont gérées par ce qu’on pourrait qualifier de plus macabres agences de voyage du monde qui n’hésitent pas à faire payer même au prix de sa propre vie ». Ce dernier aspect semble l’habillage moral d’une volonté qui ne fait pourtant pas mystère de la fermeté à maintenir les portes closes devant les migrants dans n’importe lequel des pays de l’Union européenne.

Lucien Mpama