Industrie pharmaceutique : la RDC détiendrait 80% du potentiel mondial de la culture du quinquina

Mardi 5 Octobre 2021 - 12:54

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Les milieux pharmaceutiques implorent la primature de protéger plus activement l’industrie locale pour tirer un meilleur profit du quinquina, un arbre dont les écorces permettent la fabrication de la quinine, un produit phare dans la lutte contre le paludisme. L’exploitation du quinquina bénéficie davantage à l’étranger faute d’une capacité nationale de transformation à la hauteur de l’immense potentiel disponible.

Samedi dernier, une délégation de la firme Pharamaquina, conduite par son directeur général, Étienne Erny, a rencontré le Premier ministre, Sama Lukonde. Au centre des discussions,  la question de l’exploitation de la culture du quinquina en République démocratique du Congo (RDC). Étienne Erny a présenté les avantages stratégiques d’investir dans la production de la quinine, un produit pour lequel le pays dispose de nombreux atouts. « La quinine est un produit naturel. C’est un produit qui vient d’un arbre : le quinquina. Cet arbre pousse pendant plus de sept ans et génère une écorce qui dispose intrinsèquement d’une teneur en quinine naturelle. Nous ne faisons que la raffiner, l’industrialiser et la transformer en sève de quinine pour le marché et pour le traitement du paludisme. A ce jour, ce produit n’a pas encore de résistance, principalement dans le domaine du traitement contre la malaria. Nous, Pharmaquina, nous fabriquons également le médicament », a-t-il expliqué.

Selon lui, le secteur agricole congolais va tirer un grand avantage de la culture plus intensive du quinquina. Dans ses échanges avec le chef du gouvernement, il a insisté sur le fait que le pays détenait 80 % du potentiel mondial de la culture du quinquina. Stratégiquement, ce positionnement confère à cette culture une place importante dans l’économie nationale au même titre que le secteur minier, par exemple. L’intérêt est d’autant plus grand que la finalité est la production de la quinine, dont l’efficacité reste indiscutable en dépit de l’arrivée massive des génériques. Avec une certaine protection, l’industrie locale peut arriver à intensifier la transformation locale du quinquina en vue de lui donner une valeur ajoutée. En tant qu’industrie de transformation, Pharmaquina explique avoir besoin de renforcer ses capacités pour apporter plus de valeur ajoutée. Cette dernière, renchérit-il, est générée plus à l’étranger que dans le pays, du moins pour l’heure.

Pour se doter de ses capacités supplémentaires, l’industriel a présenté au Premier ministre les différents enjeux de sa requête. Il attend du gouvernement de la République un soutien sans faille et des mesures de protection. Il met en avant plan toute son expertise dans la lutte contre le paludisme avec son produit phare, la quinine. Partenaire de la RDC depuis les années 1960, la Pharmaquina peut continuer à l’être si le gouvernement lui accorde toute l’attention nécessaire, soutient-il. Toutefois, il se défend bien de prôner une sorte de monopole dans l’exploitation du quinquina. « Notre problème est de disposer davantage de quotas de matières premières qui sont exportées actuellement vers l’étranger et qui arrivent sur le marché de l’exportation à des coûts moins importants, à des prix dumping. Nous perdons toute cette partie, alors que nous pourrions l’exporter également. Le prix d’un kg de quinine sous forme de matière première est naturellement beaucoup moins important que sous forme de produit fini ou semi-fini », a-t-il laissé entendre. Voilà le véritable enjeu pour l’industrie pharmaceutique congolaise. Pharmaquina ne rechigne pas d’avoir des concurrents, mais il demande tout simplement une politique qui sache mieux protéger l’industrie locale.

Laurent Essolomwa

Notification: 

Non