Intentions de vote aux provinciales : le Palu mène la barque

Pour le sondage Les Points réalisé à Kinshasa du 8 au 9 mai, il y a lieu, pour les provinciales annoncées dans les tout prochains jours, de s’attendre à un vote sanction contre les membres de l’Assemblée provinciale de Kinshasa. Les sondés reprocheraient aux députés provinciaux d’ignorer les véritables préoccupations quotidiennes des Kinois, de rester distants de leurs bases respectives. « Le divorce semble déjà consommé. Certains enquêtés ne se souviennent plus de leurs députés provinciaux et de leur dernière descente sur le terrain pour communier avec leurs électeurs », a noté Les Points dans les commentaires de cette étude.

Les résultats affichés par cet institut de sondage dont l’efficacité est prouvée par le travail effectué au fil du temps, révèlent, en effet, un profond changement qui se profile au sein de l’Assemblée provinciale de Kinshasa. Il est relevé que le tsunami en gestation va emporter, en premier lieu, le parti majoritaire, le Mouvement de libération du Congo (MLC), qui passe de 46 % en octobre 2006 à 4% en mai 2015, soit de vingt-deux à quatre sièges. Cette chute également justifiée, selon Les Points, par l’entrée en jeux de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti de l’opposition dont le boycott des élections en 2006 avait largement profité au MLC. « Les multiples départs des cadres de premier rang enregistrés depuis la mise en accusation du leader du MLC à la CPI ont également asséné un coup fatal à cette formation politique », a expliqué cet institut de sondage.

Plusieurs autres partis perdent également leurs sièges. Il s’agit du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), qui a subi une régression de sept sièges. Cette formation politique passe, en effet, de 21 % octobre 2006 à 6 % mai 2015. L’institut Les Points craint également la disparition d’autres partis à l’Assemblée provinciale de Kinshasa. Ces résultats ont visé notamment le RCD, le PRP, le Camp de la patrie, l’Unafec et la Démocratie chrétienne.

Et vint le Palu !

Cette déchéance des autres formations politiques profite au Parti Lumumbiste unifié (Palu), qui ne comptait qu’un seul député provincial en 2006 et qui, à ce jour, affiche complet avec une nouvelle vision de cohésion nationale, à laquelle ont adhéré de nombreux partis politiques lors des festivités commémorant  son cinquantenaire. Des points de vue des sondés, le parti cher au patriarche Antoine Gizenga récolte douze sièges, soit 25% de l’électorat provincial de Kinshasa et arrive en première place.

Ce parti est suivi sur l’échelle par l’UDPS, qui est très active sur le terrain et qui s’affiche pour la toute première fois dans l’Assemblée provinciale, avec 15 % des voix représentant soit huit sièges. « N’eût été la guerre de succession entre la famille biologique et les militants de première heure, ce parti aurait réalisé un meilleur score », a soutenu l’institut de sondage, qui suit l’histoire politique, économique, sociale, religieuse et culturelle du pays à la loupe.

Il y a également certains autres partis politiques qui font leur entrée dans l’Assemblée provinciale. Dans ce nombre, cette étude de Les Points a décelé l’Union pour la nation congolaise (UNC), qui obtient cinq sièges soit 9 % des voix. Alors, ce parti cher à Vital Kamerhe fait face à une forte concurrence des autres, considérés comme de petites formations politiques. Il s’agit notamment, selon Les Points, du CNC, qui a réussi à implanter ses cellules dans tous les quartiers de la ville de Kinshasa et qui arrive à la quatrième marche et obtient 8 % (quatre sièges). Il y a également le CCU, l’AFDC et l’Ecide, qui totalisent chacun 2 % équivalent à un siège.

Tirant la conclusion de cette étude, l’institut de sondage Les Points a noté qu’en attendant les réalités de la campagne électorale pour éclairer sur les abstentions estimées à 17% soit neuf sièges, aucun parti n’est parvenu à rafler la majorité à l’assemblée provinciale. Ce qui l’a amené à conseillé des alliances, avant de prétendre gouverner la ville de Kinshasa.

La principale préoccupation du présent sondage était, selon Les Points, de prendre des renseignements viables sur l’adhésion ou pas de la population à l’organisation des élections provinciales et locales directes en octobre prochain. Alors que le deuxième volet de ce sondage a consisté aux intentions de vote des futures élections provinciales.

Globalement, il s’est dégage que la population à hauteur de 66% est déterminée à exercer son droit de vote le 25 octobre 2015 pour renouveler les assemblées provinciales et élire ses dirigeants à la base. Cette catégorie des répondants a soutenu à Les Points que les députés provinciaux actuels ont largement dépassé leur mandat se muant ainsi en fonctionnaires de l’Etat plutôt que des représentants de la  population.

Pour cette première catégorie constituée de 43% des sympathisants de l’opposition, 62% de la majorité présidentielle, 37% de la société civile et 76% du reste de la population sans aucune tendance politique, repousser les élections provinciales à une date ultérieure risque de perturber le calendrier électoral et créer le glissement dont elle ne veut pas.