Interruption SMS et Internet : les excuses du gouvernement de la RDC

Samedi 7 Février 2015 - 15:15

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« Le gouvernement est désolé pour les inconvénients causés aux utilisateurs des nouvelles technologies », a déclaré le ministre de la Communication et Médias, Lambert Mende.

Les premiers SMS ont recommencé à circuler le samedi 7 février mettant ainsi fin à près de trois semaines d’interruption du service le moins coûteux pour les abonnés de la téléphonie mobile. Au-delà, l’on projette également un retour progressif de l’Internet mobile dès le 9 février. Pour Lambert Mende, cette mesure conservatoire était justifiée. « Il est évident que le gouvernement ne pouvait agir autrement car les images trafiquées récupérées des archives d’autres pays, voire même des séries télévisées, que l’on a balancées sur les réseaux sociaux pouvaient alimenter une véritable guerre civile chez nous », a-t-il déclaré.

Le ton utilisé par Lambert Mende prouve à suffisance que les réseaux sociaux font l’objet désormais d’une surveillance plus accrue. En raison des effets déstabilisants pour le pouvoir central, plus d’un analyste craint un recours plus systématique à cette mesure conservatoire à l’avenir pour des raisons de sécurité. Et cela inquiète forcément les utilisateurs des nouvelles technologies. « Actuellement, l’on ne fait pas toujours attention, il existe une économie florissante en RDC constituée des utilisateurs d’Internet. Prenez mon cas, j’offre un service en ligne des téléphones portables. Et ça marche. Nous livrons nos appareils jusqu’à l’intérieur du pays. Dans un pays aussi grand, vous n’imaginez pas l’importance d’Internet », a expliqué Jean, le propriétaire d’une PME.      

L’Internet est classé parmi les  produits les plus consommés du pays. Et son interruption pendant dix-neuf jours a eu des conséquences graves pour les services en ligne. « Il faut reconnaître l’impact négatif sur les PME car une bonne partie d’entre elles dépendent de l’Internet mobile. Ces dernières ont revu à la baisse leurs chiffres d’affaires. Au même moment, il leur fallait développer d’autres mécanismes bien plus coûteux pour arriver à communiquer dont les appels normaux par téléphone», s'est exprimé un Kinois. 

Pour les ménages, il n’était plus possible de transférer de l’argent à distance grâce aux différents produits mis en œuvre par les opérateurs de téléphonie mobile. Pourtant, c’est un service indispensable pour les coins reculés non couverts par les banques. « On ne ressort pas indemne de plus de quinze jours d’interruption, surtout pour une entreprise comme la mienne qui offre un service en ligne. Quinze jours représentent la faillite. Comment faire face aux charges de l’entreprise alors qu’on n’a pas de crédit ? Cette mesure était vraiment hasardeuse », a dit le propriétaire d'un cybercafé.

Au-delà, beaucoup s'interrogent sur l'efficacité même de cette mesure visant à empêcher l'accès aux services sociaux. "Dès que les internautes auront de nouveau accès aux réseaux sociaux, il y aura une avalanche de nouvelles et des images à poster. Et l'on comprendra que la mesure n'a servi à rien", a déclaré un citoyen. 

Laurent Essolomwa