Interview : Alexis Lenga demande à la CPI de tirer les conséquences de la tragédie centrafricaine

Mardi 21 Janvier 2014 - 18:51

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Le secrétaire général adjoint du parti de Jean Pierre Bemba chargé des fédérations et président du groupe parlementaire MLC commente l’actualité de son parti en mettant une emphase particulière sur les évènements tragiques survenus récemment en Centrafrique après l'éviction de François Bozizé.

-Les Dépêches de Brazzaville : Le Mouvement de libération du Congo (MLC) a organisé le samedi dernier une cérémonie d’échange de vœux dans lequel il a égrené sa stratégie électorale en prévision  des échéances de 2016. Quel sens donnez-vous à cette manifestation ?

-Alexis Lenga : Cette cérémonie voudrait signifier tout simplement que le MLC vit sur le plan politique. Depuis son existence comme parti politique, nos adversaires ont toujours travaillé pour le faire disparaître. Personnellement, cette rencontre a permis au MLC de se raffermir davantage et de faire des projections pour 2014 en faisant le bilan d’activités de l’exercice antérieur. Comme l’a annoncé le secrétaire général, en 2014, le MLC s’assigne comme objectifs majeurs la redynamisation de ses activités, le recrutement de nouveaux membres ainsi que la constitution des alliances avec d’autres partis politiques de l’opposition pour préparer ensemble une alternance politique en 2016.

-LDB : Le parti n’est-il pas ébranlé par l’arrestation de son secrétaire général adjoint Fidèle Babala ?

-AL : Nullement. Nous sommes convaincus que la main de Dieu agira pour que Jean Pierre Bemba et ses compagnons d’infortune quittent en hommes libres les geôles de la Cour pénale internationale (CPI).

-LDB : Pourquoi ne faites-vous pas une introspection pour déceler les raisons des multiples départs et défections qui caractérisent aujourd’hui la marche du MLC dorénavant dépouillé de ses nombreux cadres?

-AL : La communauté des hommes est faite des phénomènes sociaux qui sévissent non seulement dans les partis politiques mais aussi dans les Églises. Il ne s’agit pas d’une remise en question du parti mais d’une introspection personnelle que chacun des membres et cadres du parti devra faire dans son comportement pour ne pas porter atteinte aux droits et libertés des autres. Cela concerne également le leadership du parti qui, à tous les niveaux, devra se remettre en cause car c’est dans l’unité, la concorde et le respect mutuel que nous arriverons à conquérir et exercer le pouvoir d’État en RDC.

-LDB : Quelle lecture faites-vous des évènements tragiques qui viennent de se dérouler en Centrafrique dans la foulée de la chute du régime Bozizé ?

-AL : Je dois d’abord rappeler que Jean Pierre Bemba avait envoyé les troupes de l’ALC en République centrafricaine pour défendre un chef d’État démocratiquement élu contre la prise de pouvoir par les armes et non pour y commettre des crimes qu’on veut mettre sur son dos. Il faut noter que les Congolais et les peuples de l’Ubangui en particulier ne sont pas habitués à des actes d’atrocités que nous vivons aujourd’hui en RCA. Il faut aussi rappeler qu’entre 2002 et 2003, en dehors des troupes du MLC, il y avait également d’autres forces sur le terrain comme les troupes tchadiennes qui ont en grande partie appuyé François Bozizé à réussir son coup d’État militaire contre Ange-Félix Patassé. Aujourd’hui, on parle des viols massifs en Centrafrique, cela conforte l’innocence des soldats du MLC car plusieurs années après leur départ de Bangui, la RCA vit un déferlement de violence sans précédent. Tous ces viols, massacres, pillages démontrent que la crise et la violence qui sévissent en Centrafrique est d’origine centrafricaine et que les Congolais n’y ont rien à voir. Comme nous ne cessons de le répéter, les atrocités commises pendant la rébellion ayant conduit François Bozizé au pouvoir sont le fait des Centrafricains eux-mêmes et non des militaires venus de la RDC. L’histoire nous donne aujourd’hui raison. Nous demandons à la CPI dans le cadre du procès Jean Pierre Bemba de tirer les conséquences de cette nouvelle donne.  

-LDB : Les Congolais se sont souvenus les 16 et 17 janvier de Patrice Émery Lumumba et de Laurent Désiré Kabila. Que retenez-vous de ces deux personnalités ? 

-AL : Patrice Émery Lumumba, le tout premier Premier ministre de notre pays, avait dans son action politique un grand souci de libération et le développement de la RDC. Malheureusement, l’Afrique est toujours en proie à la manipulation des puissances occidentales qui ont provoqué l’imbroglio entre les deux leaders politiques, Lumumba et Kasa-Vubu. Au regard du combat mené par ces deux héros nationaux pour l’affranchissement de la RDC du joug colonialiste et impérialiste, la grande préoccupation pour les Congolais aujourd’hui devra être celle de savoir que faire pour que ceux qui dirigent le pays ne soient pas l’émanation des puissances extérieures.

 

 

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Jean Pierre Bemba