Interview. Iluta Engambi : « Les ONG constituent la lampe témoin des actions gouvernementales »

Samedi 24 Août 2013 - 15:45

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Le président du conseil d’administration d’Actions communautaires pour le développement intégral (ACDI) est convaincu qu’en prônant le développement durable comme soubassement de son action, la RDC en sortira ragaillardie pour devenir un pays compétitif sur l’échiquier international.    

Les Dépêches de Brazzaville : En tant qu’association militant pour le développement du pays, recevez-vous un coup de pouce de la part du gouvernement ?

Iluta Engambi Claude : Nous bénéficions seulement d’un accompagnement technique à travers le ministère de l’Environnement avec lequel nous avons signé un contrat de partenariat. Nous collaborons aussi avec le ministère de l’Agriculture et développement rural, sans oublier le ministère de la Santé et celui du Genre. Cependant, sur le plan financier, l’appui du gouvernement se fait toujours désirer alors que les ONG représentent la lampe témoin de ses actions sur le terrain. Notre seul tort, c’est d’être un peu plus regardant par rapport à la manière de gérer la res publica.

LDB : Quels sont vos moyens d’action ?

IEC : Nous travaillons sur la base de financement que nous pouvons obtenir de la part des organismes internationaux et des différentes fondations, mais aussi sur la base des cotisations mensuelles de nos membres. L’apport des sociétés privées dans l’organisation de nos activités est aussi important. Nous mettons généralement auprès des organismes-partenaires des projets qui, une fois avalisés et financés, passent à la phase de matérialisation. Pour l’instant, nous nous attardons sur l’agro-foresterie qui peut générer beaucoup de devises au pays et, en même temps, combattre l’insécurité alimentaire.

LDB : Êtes-vous impliquée dans ce qui se passe au Nord-Kivu marqué par la recrudescence des conflits armés ?

IEC : Nous suivons de près de ce qui se passe à l’Est du pays dont nous déplorons les conséquences fâcheuses qui s’ensuivent en terme de pertes en vie humaine et de dégradation de l’environnement. Malheureusement, nous ne pouvons pas travailler dans tous les domaines en étant partout à la fois. Il y a des organisations sur place qui s’occupent de cela. Mais s’il s’agit d’émettre un avis par rapport à ce qui se passe ou d’initier une action quelconque, nous n’hésitons pas à le faire dans la mesure de nos moyens.

LDB : Qu’est-ce que l’ACDI a déjà amorcé comme actions de terrain ?

IEC : Nous avons déjà eu à mener de grandes actions d’envergure dont les premières ont concerné la restitution des différentes recommandations issues des conférences internationales auxquelles l’ACDI a assisté. Au nombre de celles-ci, l’on peut citer les conférences des Nations unies sur le développement durable. Au niveau sous-régional, nous nous efforçons de promouvoir les organisations humanitaires existantes. Et au niveau national, pas mal d’actions ont été initiées notamment dans le domaine climatique, du développement rural, de la santé, etc. L’ACDI a eu à organiser une conférence sur l’éducation prénatale en mettant une emphase particulière sur l’accompagnement éducatif de la femme enceinte. Notre association a eu aussi à organiser des campagnes de sensibilisation afin de booster la scolarisation des jeunes filles. Cette série des Conférences s’est étendue jusque dans l’arrière-pays notamment dans le Bas-Congo où les jeunes filles sont encore assujetties aux clichés réducteurs qu’imposent les us et coutumes en rapport avec leur épanouissement social. La conférence sur le « Genre et le développement durable » tenue dernièrement  à Matadi s’inscrit également dans cette dynamique avec, en toile de fond, l’impératif de l’auto-prise en charge comme facteur de développement intégral de l’Homme. Des activités similaires ont aussi été organisées à Kinshasa sur fond d’éveil de conscience des jeunes. Il faut aussi intégrer, dans le lot, la tenue de la première conférence scientifique où la RDC a été présentée comme une méga biodiversité à protéger et à sauvegarder. Il a été démontré qu’avec cette biodiversité, le pays pouvait engranger d’énormes dividendes en termes de ressources financières. L’énumération est loin d’être exhaustive lorsqu’on y ajoute la série des conférences organisées à l’intention des animateurs d’ONG sur le crédit carbone, l’agro-foresterie, etc.

LDB : Visiblement, la femme occupe donc une place de choix dans vos activités…

 IEC : Comprenant que nous avons aussi une part de responsabilité en tant qu’organisations non gouvernementales dans l’encadrement des jeunes filles et surtout des femmes, nous avons initié une série des formations auprès des mamans en vue de l’autonomisation de leur statut social. Notre crédo est que la femme soit capable d’aider l’homme et de l’accompagner dans l’effort de développement du pays.

LDB : Et la suite ?

IEC : Nous nous apprêtons à organiser une conférence sous-régionale sur le développement des pays du Bassin du Congo dans laquelle les États concernés seront invités. Nous allons, au cours desdites assises, évaluer le niveau d’exécution par chaque État de la sous-région, de toutes les recommandations arrêtées par les Nations unies.

LDB : Votre mot de la fin ?

IEC : C’est de voir notre pays aller de l’avant à travers la conjugaison des efforts de tous ses fils et filles qui constituent, par-dessus tout, le socle sur  lequel s’appuie son développement. 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Iluta Engambi Claude