Italie : Rome maintient un haut niveau de coopération avec l’Afrique

Mardi 18 Février 2014 - 15:08

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Les incertitudes politiques à Rome n’auront aucun impact négatif sur une coopération solide, assurent les officiels

Le Premier ministre Enrico Letta a démissionné, et depuis lundi c’est Matteo Renzi qui est chargé de former un nouveau gouvernement. Avec l’ancienne équipe, s’en va une des figures emblématiques de l’Afrique sur l’échiquier politique italien, Cécile Kyenge Kashetu, la désormais ex-ministre de l’Intégration, originaire du Congo RdC. Au moment où ces lignes sont écrites, la classe politique est occupée à un jeu italien particulier, le toto-ministri, c’est-à-dire les pronostics sur qui fera ou non partie de l’équipe que va former Matteo Renzi, homme plein de fougue mais assez frileux sur les questions d’intégration.

Ces incertitudes n’empêchent pas que Rome réaffirme sa volonté de maintenir un haut niveau de coopération avec l’Afrique, toujours dans l’esprit du gagnant-gagnant devenu sa marque de fabrique en la matière. Le porte-avion Cavour, de la 30e flotte italienne, poursuit imperturbablement son tour humanitaire de l’Afrique (il est arrivé à Luanda, avant d’accoster cette semaine à Pointe-Noire). Et tout porte à croire que Matteo Renzi pourrait maintenir dans son gouvernement la même ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Emma Bonino.

Toutes ces raisons donnent à penser que l’Italie ne changera pas de cap avec le changement de gouvernement. Du reste, les humanitaires assurent que tous ces chambardements n’auront aucun impact sur leur volontarisme face à une Afrique qui se révèle, plus que jamais, partenaire et clé de voûte de la coopération multisectorielle italienne. Vendredi de la semaine dernière à Rome, l’ancien président de la Commission européenne, Romano Prodi, avait de nouveau secoué les velléités d’apathie des milieux économiques en réaffirmant que l’heure était désormais à l’Afrique.

Homme aux multiples casquettes dans le passé, l’économiste bolognais qui est actuellement représentant du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahel, n’a pas son pareil lorsqu’il s’agit de défendre l’Afrique sur la scène italienne. Même s’il fait de la fixation sur la Chine qui gagnerait, à son avis, trop de terrain sur le continent noir, Romano Prodi réaffirme que l’Afrique, pendant longtemps négligée, émerge aujourd’hui et devient protagoniste de premier plan. « Il y a un ferment » visible dans l’Afrique d’aujourd’hui, marquée par « un développement porté par une croissance économique forte ; elle est politiquement jeune avec une classe moyenne qui devient elle aussi une classe de consommateurs ».

« L’Afrique d’aujourd’hui n’est pas devenue pour autant plus riche, mais elle présente assurément une tendance nouvelle, sa fermentation positive », a insisté Romano Prodi. Malgré des défis importants, telle une attention trop peu accordée au développement des banlieues dans ses grandes cités et un terrorisme en inquiétante expansion, « l’Afrique n’est plus à la marge ». La communauté internationale, soutient-il, « devrait comprendre cette phase délicate et ne plus l’instrumentaliser ».

Le ministère italien des Affaires étrangères ne parle pas un langage différent, lui qui vient de présenter un rapport sur « la politique italienne en Afrique » et s’apprête à tenir ce jeudi 20 février une conférence des ministres de l’Agriculture. Et cela en concomitance avec la tenue à Rome du 37e conseil des gouverneurs du Fonds international pour le développement agricole (Fida). « L’Italie veut replacer l’Afrique plus au centre de sa politique », a réaffirmé Lapo Pistelli, vice-ministre des Affaires étrangères. Au mois de janvier, Emma Bonino avait effectué la tournée des « pays tremplins » de la croissance économique africaine.

Rome considère que la vitalité économique qu’annoncent des pays comme l’Angola, l’Ethiopie, le Ghana, le Kenya, le Mozambique, le Nigeria, le Sénégal et l’Afrique du Sud en font les fers de lance d’une coopération fructueuse pour l’avenir. « Il est fondamental de créer une pénétration concentrée et forte dans ces pays », conseille Romano Prodi auprès des investisseurs italiens qui seraient tentés de s’en tenir aux vieux schémas qui relèvent plus des stéréotypes figés que de la prise en compte d’une réalité en rapide mutation.

Lucien Mpama