Jeux de la Francophonie 2013 : le Congo bisse contre le Maroc et rentre dans l’histoire des Jeux

Lundi 16 Septembre 2013 - 13:12

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Dimanche, à Nice, les Diablotins ont remporté la finale des Jeux de la Francophonie en battant le Maroc 2-1 grâce à un doublé d'Obassi. En conservant le titre acquis à Beyrouth en 2009, les joueurs de Jean-Éloi Mankou entrent dans l’histoire de la compétition, au même titre que le technicien congolais, déjà sur le banc au Liban. Arrivée dans des conditions rocambolesques, diminuée par plusieurs défections, la formation congolaise a souffert face aux Marocains, mais a trouvé les ressources morales pour l’emporter. Chapeau bas, messieurs les Diablotins

Après la demi-finale remportée aux tirs au but face au Sénégal, Jean-Éloi Mankou avait vanté la force morale de son équipe. Lors de la finale, hier, face au Maroc, les Diablotins lui dont donné raison, en s’imposant 2-1 à l’issue d’une rencontre qu’ils auraient dû perdre.

Car, depuis le début du mois de septembre, tout était écrit pour que la défense du titre remporté à Beyrouth tourne au fiasco : absence de préparation digne de ce nom, visas refusés par les autorités françaises, arrivée tardive d’un groupe restreint et rapidement diminué par des défections (au moins deux avant la finale), un calendrier infernal de cinq matchs en six jours (quand la Fifa impose normalement 48 h de repos entre deux rencontres).

Autant de circonstances défavorables qui semblent avoir soudé ce groupe, dont l’envie et la motivation ont été décuplées. La France fut la première à en faire les frais (3-0), comme le Canada (3-1) et dans une moindre mesure le Rwanda (1-1). Après une épique séance de tirs au but, face au Sénégal, les courageux Diablotins se sont ouvert les portes de la finale.

Une finale qui allait vite se révéler difficile pour les Diablotins, au banc de touche version light (seulement trois remplaçant, gardien compris) : pour compenser l’absence de Bassoumba, disparu depuis jeudi, le coach Mankou a fait monter Mayanith d’un cran, remplacé dans l’axe par Nkounka, comme en demi-finale. Mais les véloces et techniques Marocains donnent rapidement le tournis aux hommes de Jean-Éloi Mankou, qui sont proches du KO, quand Étou sèche Hassouni aux abords de la surface, mais l’arbitre ne bronche pas.

Quelques incursions du trio Akoli-Obassi-Biassadila, l'une des valeurs ajoutées de cette équipe durant le tournoi, égaient la performance congolaise, mais Obassi manque l’immanquable sur un contre de Biassadila (5e). Face à la maîtrise collective et individuelle du Maroc, l’homme du match sera pendant longtemps James Ekoko : le gardien congolais a multiplié les parades (18e, 22e, 44e, 67e, 68e, 80e), aériennes et au sol, et s’il n’est pas irréprochable sur l’ouverture du score d’Ati Allah (31e), il a permis au Congo de rester dans le match jusqu’aux derniers instants.

Une performance précieuse, car si le Congo pliait pendant plus d’une heure face aux Lionceaux, le Congo ne rompait pas. Et revenait dans le match sur un coup de pied arrêté bien tiré, enfin, par Loussoukou et repris de la cuisse par Obassi (76e). Presque inespéré pour les valeureux Diablotins qui doublaient ensuite le score à la 84: après une intervention dans sa surface, Ékoko dégage au large, Bidimbou dévie dans la course d’Obassi qui bat Benachour d’une reprise du droit (2-1, 83e). Notons que les deux entrants, Loussoukou et Bidimbou, sont impliqués sur les buts, validant le coaching du staff technique.

Dominés et épuisés, les Diablotins réalisent ainsi un véritable exploit, légèrement aidé par l’arbitre du match, qui oublie un penalty flagrant sur une faute d’Étou (86e) et avait auparavant annulé un but marocain (55e) pour une poussette peu évidente. Coutumiers du fait, quand les évènements ne tournent pas en leur faveur, les Nord-Africains perdent alors leurs nerfs, à l’image de ce mauvais geste de Qasmi à la 91e, synonyme de rouge.

Tant mieux pour les Congolais, qui l’ont vraiment mérité. Disons-le avec franchise, cette équipe est courageuse et valeureuse, ce qui ne veut pas dire qu’elle manque de talent. De bout en bout, les lacunes observées dans la fluidité du jeu ont été effacées par l’esprit « commando » d’une équipe qui voulait prouver à tout le monde, tant aux autorités françaises qu'aux instances congolaises, qu’elle méritait davantage de considération et de moyens que ce dont elle a bénéficié ces dernières semaines.

Première nation de l'histoire des Jeux à conserver son trophée, le Congo rentre dans l'histoire de la compétition et peut être fier de ses Diablotins. Cette génération, associée à l'équipe du Chan, représente une vraie chance de podium aux Jeux africains de 2015, qui se tiendront à Brazzaville. Donnons leur l'occasion d'y briller, avec une préparation à la hauteur de l'événement et des attentes du peuple et des autorités. Fermé depuis mars 2013, le CNFF doit rouvrir ses portes pour permettre aux sélections de jeunes de se retrouver régulièrement et de travailler les automatismes et les phases de jeu. Avoir gagné les Jeux de la Francophonie sans s'y préprarer tenait du miracle et si les instances sportives veulent vraiment remporter les Jeux africains de 2015, il faudra cette fois préparer l'événement.

Maroc-Congo: 1-2 (1-0)
Buts : Ati Allah (31e) pour le Maroc, Obassi (76e et 83e) pour le Congo
Avertissements : Ati Allah (56e), Saidi (76e), Chibi (87e) pour le Maroc, Nkounka (22e) et Pandza (25e) pour le Congo
Expulsion : Qasmi (90e+1) pour le Maroc

Congo : Ékoko-Étou, Nkounka, Bouétoutélamio, Pandza-Mayanith (cap), Kounkou (Loussoukou, 60e), Binguila (Bidimbou, 70e)- Akoli, Obassi, Biassadila

Camille Delourme