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Le bouclier d’EuropeSamedi 19 Mars 2022 - 16:23 Personne, bien sûr, ne peut dire ce qui se passera en Europe (entendue au sens large, c’est-à-dire incluant la Russie et les pays de l’Est) dans les mois à venir mais il est clair que l’Union européenne, qui regroupe vingt-sept nations du Vieux continent, a pris enfin la juste mesure des faiblesses que sa très faible intégration stratégique génère dans le moment où les superpuissances (Chine, Etats-Unis, Russie, Inde) se défient ouvertement et tentent de prendre le contrôle des vastes zones géographiques qui les entourent. Ce qui la conduit à construire son propre système de défense sans pour autant quitter l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan) dont le moteur principal est les Etats-Unis et qui lui a permis d’acquérir sa puissance économique, financière, commerciale présente. La guerre qui se déroule en Ukraine depuis trois semaines a au moins le mérite de faire comprendre aux dirigeants européens que s’ils ne s’organisent pas pour construire une véritable communauté de défense, ils se trouveront un jour ou l’autre confrontés à des défis militaires qu’ils seront incapables de gérer. D’où les prises de position très claires du président français, Emmanuel Macron, et du chancelier fédéral allemand, Olaf Scholz, ces derniers jours, et qui prônent l’édification d’un système de sécurité propre à l’Union européenne. Qu’il nous soit permis de rappeler, avant d’aller plus loin, que nous avons nous-mêmes plaidé cette cause dès le début des années 1980, il y a donc quarante ans en publiant notamment un livre, « Le Bouclier d’Europe » (1), qui relayait les convictions d’experts militaires de très haut rang comme le général d’armée André Beaufre. Ce rappel ne vise évidemment pas à nous mettre en avant, mais souligne le fait que le débat qui s’engage à Bruxelles et dans les grandes capitales européennes n’a rien de nouveau puisqu’il s’inscrit dans le processus d’accession à l’autonomie stratégique : processus qui, seul, mettra le Vieux continent à l’abri des conflits régionaux et mondiaux qui lui ont coûté si cher dans le passé et qui semblent à nouveau se dessiner. A ce stade de la réflexion, il convient de rappeler aux autorités européennes que la création d’un système de défense collectif propre à l’Union ne produira les effets positifs attendus que s’il s’inscrit dans le cadre d’une diplomatie plus active, plus réaliste, plus stratégique à l’échelle mondiale. Et donc dans le renforcement des liens de toute nature qui unissent le Vieux continent aux pays du Tiers-monde, l’Afrique occupant naturellement une place très particulière en raison de la très longue Histoire commune des deux continents. Conclusion provisoire de cette réflexion : dans ce contexte historique, les pays de l’Afrique centrale, du Bassin du Congo entendu au sens large, ont entre les mains une carte à tous égards exceptionnelle. Ceci parce qu’ils occupent sur la scène stratégique mondiale une place unique dont la lutte contre le dérèglement climatique projette l’image très précise. Leurs dirigeants sauront-ils tirer des évènements du temps présent les bénéfices que ceux-ci portent naturellement en eux ?
Jean-Paul Pigasse Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |