Le pape François : une image largement positive dans le monde

Samedi 13 Décembre 2014 - 15:58

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En Europe et en Amérique, le chef de l’Église catholique jouit d’une large popularité. Seule curiosité, l’Afrique : un peu tiède.

S’il y a une curiosité qui se dégage de l’enquête de l’institut de recherche américain Pew Research Center de Washington, c’est que le pape François jouit partout d’une positive image, sauf – un peu - en Afrique ! A vrai dire, le taux d’indifférence totalisé par l’institut en Afrique part des 40% de sans opinion qui seraient presqu’en équilibre par rapport aux 44% des opinions favorables. Il est vrai que face au 84% d’avis positifs toutes opinions confondues (croyants et non) aux États-Unis et aux 78% en Amérique latine (72% dans son pays, l’Argentine) l’Afrique semble « bouder » le pontife.

C’est une fausse impression. Induite notamment par la froideur des chiffres qui ajoutent plus qu’ils ne retranchent les 12% d’Africains franchement hostiles au pape (des extrémistes musulmans ?) aux 40% qui se sont dits sans opinion. Cela n’enlève rien à la ferveur dont le pape argentin a joui ici dès le début de son pontificat, il y a trente-trois mois. Et il ne fait pas de doute que cette ferveur ira crescendo, avec l’affirmation progressive attendue du programme de ses premiers voyages sur le continent noir (première étape l’Ouganda, en juin ? Le Vatican étudie tous les détails).

Toujours est-il que le pape François est très largement devenu « une star » - une expression qu’il n’aime pas du tout – dans les pays largement catholiques du monde : 92% en Pologne, 91% en Argentine et en Italie, 88% en Espagne. Le pape fait littéralement un tabac partout. Si Jordanie, Égypte et Turquie sont les pays les plus ‘hostiles’ au Souverain pontife avec 31% d’opinions défavorables, ce pourcentage ne parvient pas éroder la moyenne des 60% d’opinions positives que dégage la figure du pape dans le monde entier.

La popularité du pape François part avec l’avantage du préjugé positif sur ses prises de position (contre la pauvreté et l’esclavage), son attitude personnelle (faite d’humilité) et sa volonté de réformer l’Église catholique (et notamment la Curie au Vatican). Venu après un vaste scandale mondial de cas de pédophilie par des prêtres aux États-Unis, en Autriche, en Irlande et ailleurs ; venu aussi après l’inédite démission de son prédécesseur, l’Allemand Benoît XVI, le pape François a su frapper les opinions au-delà du strict cercle des catholiques et même des croyants. Portant lui-même sa sacoche, roulant dans une modeste Ford Mondeo, le pape actuel est aussi celui qui a refusé les dorures et les lambris, continuant de loger dans la modeste résidence de la Maison Sainte-Marthe et non dans les appartements pontificaux du Vatican.

« Je ne dirais pas qu’il soit venu avec la volonté de déstructurer les institutions. Il dit suivre les indications qui lui furent données par les cardinaux au conclave (l’assemblée élective d’un pape - Ndlr), pour passer d’une Église perçue comme centralisatrice à une Église où les diverses parties sont plus écoutées et jouent un plus grand rôle pour déterminer les lignes sur lesquelles le pontificat doit se mouvoir », a récemment affirmé le père Federico Lombardi, le porte-parole du Saint-Siège.

Pour ce jésuite italien, « le pape François n’est pas venu au pontificat pour poursuivre un dessein organique alternatif ». Et la différence de style avec son prédécesseur Benoît XVI n’est pas à apprécier en termes d’antagonisme. « Benoît XVI est un homme de culture, un théologien, un intellectuel. C’est un pape qu’il faut écouter et lire pour le comprendre en profondeur. Le pape François, sans être superficiel, a une grande capacité d’immédiateté. Il sait frapper par des expressions efficaces. C’est un pasteur qui a bouleversé la manière de communiquer » au Vatican, a relevé celui qui est par ailleurs directeur de Radio Vatican.

Lucien Mpama