Le revers de l’Accord de Nairobi : le M23 reprend du service

Mercredi 18 Décembre 2013 - 17:30

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L’ex-groupe rebelle procéderait à de nouveaux recrutements au Rwanda et en Ouganda où ses dirigeants se sont réfugiés.

Tous ceux qui ont parié sur le retour de la paix à l’est de la RDC après la signature au Kenya de deux accords séparés entre le M23 et le gouvernement, soutenus par un communiqué final Sadc-Cirgl, devraient déchanter par rapport aux dernières informations en provenance du Rwanda. Plusieurs sources concordantes soutiennent, en effet, que l'ex-groupe rebelle tenterait de se refaire une santé, en procédant à de nouveaux recrutements au Rwanda et en Ouganda où ses dirigeants se sont réfugiés. Cette information relayée par la RTBF dénote de l’obstination du Rwanda et de l’Ouganda à ranimer le M23 dont les membres ont officiellement renoncé à leur mouvement armé en s’inscrivant dans une perspective de mutation politique. Cette attitude de Kigali et de Kampala n’étonne outre mesure lorsqu’on sait que dans leur rapport définitif - encore confidentiel - à publier d’ici le 26 décembre 2013 au Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation à l’est de la RDC, les experts de l’ONU soutiennent sans ambages que le Rwanda a continué à appuyer militairement le M23 jusque dans ses derniers jours.

Au moment où se négociaient les dernières tractations ayant conduit à la signature de l’Accord de paix de Nairobi, le soutien rwandais au M23 est resté actif, renseigne le rapport. Même quand Sulutani Makenga s’était retiré avec ses hommes sur les hauteurs de Tshanzu avant de détaler vers l’Ouganda, Kigali était toujours en appui au M23 qui se servait de sa logistique, apprend-on. Kigali aurait même entêté le M23 à résister face à l’arsenal militaire déployé par la Brigade d’intervention de la Monusco et par les Fardc en alimentant ses hommes en armes et munitions, renseigne le rapport. « Nous avons donc toujours supposé que le soutien de Kigali, bien que diminué à la suite des pressions diplomatiques et de l'action militaire sur le M23, persistait », indiquait encore il y a peu un diplomate occidental de passage à Kinshasa.   

En procédant au recrutement des jeunes recrues, le Rwanda et l’Ouganda confirment, si besoin en était encore, ce que les experts onusiens ont toujours soutenu dans leurs rapports antérieurs, à savoir la complicité de deux pays avec le M23 dans la guerre ayant déchiré tout récemment le Nord-Kivu. D’après maints analystes, le Rwanda et l’Ouganda auraient mal digéré l’accord de paix signé à Nairobi qui met fin non seulement à l’aventure militaire du M23 en RDC, mais aussi à leur mainmise sur le territoire congolais. Loin de s’avouer vaincus et cherchant à pérenniser leur entreprise de balkanisation de la RDC sur fond de pillage de ses ressources, les deux pays tiennent à rebondir, appâtés par la rente minière qui découle de l’exploitation illégale perpétrée par cet ancien groupe armé, souligne le rapport onusien.    

Et le rapport de préciser que la RDC a enregistré un manque à gagner de l’ordre de 540 millions de dollars suite au trafic illicite de l’or dans sa partie est ayant longtemps souffert d’une instabilité chronique.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Signature du communiqué final SADC-CIRGL à Nairobi au Kenya