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Le vaccin Covid-19, la controverse

Lundi 1 Février 2021 - 16:47

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L’apparition du coronavirus au début de l’année qui vient de s’écouler a été une épreuve d’extrême émotion et d’extrême urgence pour les populations, à travers le monde. Privés de gestes d’amour, éloignés d’amis et de parents ; des réunions par écrans interposés, l’hygiène une obsession, le travail déserté ou réduit à sa plus simple expression, le confinement et lassitude, le monde a sombré, peu à peu, dans une détresse imprévisible. Les États, pris de court, se sont démenés à maintenir un semblant d’équilibre face à une population presque désemparée. Les recommandations, pour l’observation des gestes barrières, édictées par l’OMS et les autorités étatiques se sont heurtées aux attitudes des populations réticentes. Toutes les prières ont été de rechercher les moyens pour contrer cette terrible maladie.
Quand, en novembre 2020, le laboratoire Pfizer-BioNtech a annoncé que le vaccin qu’il développe est efficace à 95%, la nouvelle a été saluée par tous, y compris la communauté scientifique. Autant dire que cette bonne nouvelle a suscité un espoir de sortie de crise sanitaire évidente. Pour leur part, les décideurs caressaient déjà l’idée de vaincre la pandémie de Covid-19. C’est dans ce climat de béatitude que le Congo, comme tous les autres pays, se préparait à lancer la prochaine campagne de vaccination de la population.

Seulement, tandis que le monde baignait encore dans l’euphorie de la grande découverte du vaccin, des âmes bien pensantes ont commencé à enfler la polémique autour des conditions de production de celui-ci. A croire que l’arrivée d’un vaccin contre une maladie aussi grave que contagieuse ne serait pas une nouvelle réjouissante pour certaines personnes. Un courant d’épidémiologistes ou de généticiens, foncièrement opposé au vaccin, interrogent le principe même de la vaccination à l’échelle mondiale. Ils relèvent pêle-mêle les collusions entre les décideurs politiques et les industries pharmaceutiques qui agiraient au bénéfice des laboratoires. Le hic est qu’ils dénoncent ces connivences, évidemment, sans apporter aucune preuve.
Des formules chocs circulent largement sur les réseaux sociaux. Et les controverses fourmillent. Le fait que le président du laboratoire refuse de se faire administrer son propre vaccin, prétextant qu’à 59 ans et en bon état de santé, a achevé de porter de l’eau au moulin des anti-vaccinaux qui se convainquent, définitivement, de la dangerosité de ce vaccin. Les plus alarmistes, d’entre eux, vont jusqu’à établir une relation supposée entre le vaccin Covid-19 et la 5G, en vue de mettre l’humanité sous contrôle.

Ces groupements négationnistes sur la réalité de la pandémie, très réfractaires aux avis scientifiques et aux mesures anti-Covid-19 commencent à monter très forts et font redouter l’explosion des violences dans certains pays. Ces négateurs appréhendent les mesures de confinement comme une ruse des pouvoirs publics pour confisquer les libertés individuelles des populations.

Au-delà de l’ironie, c’est un véritable paradoxe qui a tendance à s’installer au sein des sociétés. D’un côté nous appelons de tous nos vœux à l’éradication de la pandémie, de l’autre nous restons sceptiques vis-à-vis des vaccins. Pourtant, s’il y avait un point qui devrait faire l’objet de consensus pour sauver le monde, ce serait celui du vaccin contre la Covid-19. Difficile, dans ces conditions, de savoir entre les négationnistes foncièrement opposés au vaccin, et les laboratoires à pied d’œuvre pour sauver l’humanité d’une calamité, lesquels sont réellement au chevet du monde.

Mais, que nous soyons convaincus ou non de la nécessité de vacciner la population, nous devons cependant, nous convaincre que le principe vaccinal, en tant qu’avancée sanitaire dans l’histoire de l’humanité, ne devrait pas donner lieu à des contestations. Cette assurance, cette foi aux vaccins, nous la tenons de Louis Pasteur.

Valentin Oko

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