Les missionnaires libérés au Cameroun sont arrivés en Italie

Mercredi 4 Juin 2014 - 16:12

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Les deux prêtres travaillaient à Maroua-Mokolo, à l’extrême-nord du Cameroun, où la secte nigériane de Boko Haram les avait enlevés en avril

« Nous avons été bien traités. Nous n’avons subi aucune violence, nous avons été relativement bien nourris », telles ont été les premières déclarations du père Giampaolo Marta à son arrivée à l’aéroport militaire italien de Ciampino mardi soir. Avec son compatriote, le père Gianantonio Allegri, et la religieuse canadienne, sœur Gilberte Bussière, il fait partie des trois religieux catholiques enlevés dans le nord du Cameroun le 4 avril dernier par la secte islamiste nigériane Boko Haram. Leur libération est intervenue dimanche. Des voix ont fait état du versement d’une rançon par le gouvernement camerounais pour obtenir cette issue positive, saluée aussi bien par le Vatican que par la Vénétie, la région de départ des deux prêtres italiens.

Les deux missionnaires italiens ont raconté s’être mutuellement soutenus durant leurs trois mois aux mains des islamistes. Ils ont été détenus dans un espace d’environ 200 m2, en pleine forêt du côté nigérian de la frontière. Ce mercredi, les deux hommes de Dieu ont été entendus par la procure de Rome qui a déposé une plainte contre X pour enlèvement à des fins terroristes. Ils gagneront ensuite leur diocèse de Vicence, au nord de l’Italie. La sœur canadienne est quant à elle restée quelques jours à Yaoundé pour une visite médicale, normale dans une telle circonstance.

L’Italie clôt ainsi une page qui a failli tourner à la polémique. Quelques heures avant la libération des deux missionnaires italiens (mais peut-être étaient-ils déjà libérés, vu la grande discrétion qui entoure ce genre d’opération), Luca Zaia, président de la région de Vénétie, avait accusé le gouvernement italien de ne pas en faire assez pour obtenir la libération de ses deux citoyens. Marquant son impatience, il avait pris vigoureusement à partie la Farnesina, le ministère des Affaires étrangères, accusé d’inertie.

« Il est normal, avait-il soutenu, que la communauté ecclésiale se resserre en prière autour de l’évêque [de Maroua-Mokolo au Cameroun, Mgr Bruno Ateba - NDLR]. Mais la Farnesina doit accomplir aussi des pas plus décisifs vers les autorités africaines pour mettre fin à cette affaire incroyable et aider nos missionnaires qui sont venus sur ces terres par amour et par extraordinaire générosité, des gestes qui reçoivent une telle récompense ! » Impatience compréhensible, mais vite oubliée, puisque les deux missionnaires ont été accueillis au bas de l’avion Falcon qui les a ramenés de Yaoundé par les ministres italiens des Affaires étrangères, Federica Mogherini, et de l'Intérieur, Angelino Alfano.

La secte islamiste Boko Haram à l’origine de leur enlèvement est aussi l’auteur du rapt de 219 lycéennes nigérianes de la ville de Chibok, toujours en avril. Elle avait aussi revendiqué l’enlèvement d’un prêtre français œuvrant au nord du Cameroun, le père Georges Vandenbeusch, libéré après trois mois de captivité après, là aussi, une forte implication militaire (et financière ?) du gouvernement camerounais. Dimanche, au Vatican, le père Federico Lombardi, porte-parole du pape, a réclamé la libération de « toutes les autres innocentes personnes qui restent victimes de kidnappings inacceptables dans diverses régions de conflits ».

Lucien Mpama