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Samedi 28 Septembre 2013 - 8:15

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Les premiers arrivants africains

Les premiers Noirs sont arrivés dans ce qui allait plus tard devenir les États-Unis en 1526. Une centaine d’esclaves africains accostent dans l’actuelle Caroline du Sud avec des explorateurs espagnols. La colonie créée disparaît rapidement, frappée par les maladies et une rébellion des esclaves. Les Espagnols survivants rentrent dans leur pays d’origine, et le mystère reste entier sur le sort des esclaves africains qui, eux, restèrent sur le sol américain, s’enfuyant vers l’intérieur des terres.

D’autres Africains arrivent ensuite sur le sol américain dans les colonies britanniques et hollandaises au tout début du XVIIe siècle. Certains sont esclaves, mais d’autres sont de simples serfs-domestiques qui après un nombre donné d’années de service recouvrent leur liberté. Les Noirs libres peuvent voter, être propriétaires terriens, témoigner au tribunal, et ils gagnent des salaires pour leur travail. Certains semblent venir des côtes du Golfe de Guinée : Anthony et Lucie d’Angola, le premier couple noir à se marier dans la ville de New York en 1641 ; Paul d’Angola et Simon Congo, qui gagnent en 1644 leur procès contre la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales pour recouvrer leur liberté ; ou encore Anthony Johnson arrivé à Jamestown en 1621 puis libéré après ses années de service, qui fonda une plantation qu’il a nommée « Angola » sur laquelle il employa lui-même cinq serfs-domestiques, certains africains et d’autres européens.

1660, le grand basculement 

La situation change pour les Noirs des États-Unis au milieu des années 1600 avec l’introduction des grandes plantations de tabac, canne à sucre, riz et coton qui demandent un emploi intensif de main-d’œuvre. Environ 600 000 Africains sont emmenés de force aux États-Unis pour y travailler comme esclaves entre les années 1660 et 1808, date de l’abolition du commerce international. L’esclavage à vie et héréditaire est institué dans les différentes colonies. Les Noirs se voient retirer le droit de vote, le droit à la propriété, le droit de témoigner devant les tribunaux contre des Blancs, et les mariages interraciaux sont interdits.

De la ségrégation raciale au premier président noir

L’esclavage est finalement aboli en 1865 après une guerre civile qui opposa pendant quatre ans le sud des États-Unis esclavagiste et le nord des États-Unis abolitionniste. Pour contourner l’abolition de l’esclavage, les États du sud mettent en place un arsenal juridique qui réduit à néant cette avancée pour les Noirs. C’est la période de la ségrégation raciale et de la doctrine « séparés mais égaux » : les Noirs sont privés du droit effectif de vote, ils ne peuvent aller dans les mêmes écoles, être enterrés dans les mêmes cimetières, entrer par les mêmes portes dans les bâtiments publics, prendre les transports, aller dans les mêmes restaurants que les Blancs, ils touchent des salaires inférieurs pour les mêmes tâches. Les Noirs sont victimes de violences physiques : l’historien Howard Zinn estime qu’en moyenne chaque semaine deux Noirs étaient pendus, brûlés vifs ou mutilés.

La lutte pour le changement : le mouvement des droits civiques

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les associations noires se mobilisent politiquement pour mettre fin à cet état de fait. Le mouvement des droits civiques, symbolisé par le révérend Martin Luther King, cherche à provoquer le changement en utilisant les techniques de résistance non violente développées par Gandhi en Afrique du Sud puis en Inde. D’autres mouvements plus radicaux, dont le célèbre Black Panther Party inspiré par le « nationalisme noir » prôné par Malcom X, s’engagent dans l’action. À force de sit-in et de marches de protestation, le mouvement des droits civiques aboutit dans la douleur à l’adoption en 1964 et 1965 de deux lois majeures qui interdisent toute forme de discrimination dans les lieux publics et rétablissent le droit de vote des Noirs.

Cinquante ans plus tard, un  président noir d’origine africaine

Cinquante ans plus tard, malgré les nombreuses difficultés auxquelles sont encore confrontés les Noirs aux États-Unis (surreprésentation dans les prisons, pauvreté, chômage élevé, etc.), la situation des Afro-Américains s’est largement améliorée, permettant même l’élection en 2008 du premier président de la République noir, Barack Obama.

Rose-Marie Bouboutou