Les réfugiés, conséquences de la multiplication des Etats faillis, estime le Vatican

Mercredi 24 Juin 2015 - 17:30

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Le représentant du Saint-Siège à l’ONU fustige l’incapacité des États à prévenir les conflits qui produisent réfugiés et déplacés

Pour l’archevêque italien Silvano Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU, les Etats feraient mieux de prévenir les causes qui fabriquent les réfugiés. Soigner les effets est nécessaire mais ne donne pas les résultats durables escomptés. Mgr Tomasi prenait part mercredi à Genève, aux travaux de la 63è session du Comité permanent du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, le HCR, consacrée précisément à la situation explosive des personnes contraintes de quitter leurs pays et chercher refuge ailleurs.

Il a commencé par rappeler les chiffres, impressionnants par leur ampleur d’année en année. Chaque jour, a-t-il rappelé, quelque 42.500 personnes deviennent des réfugiés, des requérants d’asile ou des déplacés dans leurs propres pays. Aujourd’hui, c’est un total de 60 millions de personnes qui vivent hors de leurs terroirs, pays ou même  continent. Soit « le plus grand nombre de ce type de personnes depuis la Deuxième Guerre mondiale » !

« Cette situation appelle à la fois de la compassion et de l’indignation. Mais la communauté internationale doit aller au-delà de l’émotion et traduire en actes son devoir de protéger ces personnes. Car la non-protection des réfugiés produits des réfugiés », a souligné Mgr Tomasi. En parfaite concordance avec le discours du pape sur la question, le représentant du Vatican a estimé que la circonstance, exceptionnelle, doit donner lieu à la manifestation d’une solidarité à la hauteur des enjeux.

« Le nombre grandissant des réfugiés est la conséquence du phénomène grandissant des Etats faillis, et du recours à la violence comme moyen de résoudre les différends, mais aussi aux ravages des changements climatiques. Ces crises traduisent à leur tour l’échec de la gouvernance mondiale », a estimé le haut-prélat. « C’est donc l’occasion de réfléchir en profondeur à une réalité qui a aussi pour conséquences de porter le poids des guerres et violences sur les pays voisins. Ils doivent faire face aux  effets sans en avoir été à l’origine. Il nous faut réfléchir à une stratégie de l’urgence. Car trouver des financements est une chose, mais travailler à prévenir de telles crises est de  loin la meilleure stratégie ».

Prônant encore une fois le dialogue entre les divers segments des sociétés, Mgr Tomasi a aussi attiré l’attention sur une donnée fondamentale, et qui a tendance à être ignorée ou minorée : l’irruption d’une relation de tension entre les nations, que les extrémistes tentent de transformer en confrontation des religions. À plusieurs reprises le pape François a dénoncé l’instrumentalisation de la religion et l’invocation de Dieu pour justifier la persécution  d’autres croyants ou de minorités.

Lucien Mpama

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