L’Italie fait bloc autour de l’équipe féminine de football de Locri

Lundi 28 Décembre 2015 - 19:00

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La mafia intime l’ordre à l’équipe féminine de cesser de se mêler d’un sport qui n’appartient qu’aux hommes.

« Allez les filles : chaussez vos crampons et descendez sur la pelouse ! ». Des quatre coins de l’Italie s’élevait lundi le même cri de cœur et d’indignation après l’annonce par le Sporting Locri, équipe de football féminine de première division, que le club allait fermer devant les menaces répétées de la mafia locale, la Ndrangheta. Considérée comme l’un plus puissants groupes criminels européens, la Ndrangheta a adressé de multiples messages au président du club lui demandant de mettre fin aux activités de son équipe.

« A l’arrière de ma voiture, là où d’habitude s’asseoit ma fille, il y avait un mot qui disait : ‘nous savons qui s’asseoit ici’ », raconte Ferdinando Armeni, le président du Sporting club Locri, cinquième au championnat national en cours. « Bien sûr, pour le moment rien ne s’est passé, mais que fera-t-on si c’était le cas ? », demande Armeni qui estime que l’élan de solidarité vers son équipe est louable, mais « ce ne sont que des mots. Je ne veux pas vivre dans la terreur, dans la peur que quelque chose arrive à quelqu’un. Le jeu n’en vaut pas la chandelle », ajoute-t-il.

Il indique aussi que les menaces contre sa fille ne sont pas tout : « certaines joueuses ont aussi été approchées par trois hommes. Comment puis-je savoir si c’étaient des types qui voulaient faire le malin devant les filles ou des personnes ayant de mauvaises intentions ? », s’interroge-t-il. Pour lui, dans le doute, il valait mieux trancher dans le vif. Cette décision, mais bien plus ces informations, ont suscité une profonde émotion dans toute l’Italie.

En signe de solidarité, l’équipe nationale italienne féminine de football à 5 a décidé d’aller jouer à Locri son prochain match. « C’est une vraie honte ; nous porterons là-bas l’équipe nationale féminine », a affirmé Carlo Tavvecchio, président de la Fédération italienne qui n’en est pourtant pas à un dérapage contre les filles, les homosexuels, les noirs et les juifs. « C’est une habitude de la mafia de frapper les hommes et les institutions porteurs de lumière là où elle souhaite faire prospérer ses affaires à l’ombre », note un député de gauche.

Sa consœur Paola Binetti du parti démocratique, le parti du Premier ministre Matteo Renzi, indique : « l’équipe de football féminin des députées, vrai groupe interparlementaire, a décidé d’aller défier la mafia sur place en y portant les joueuses de l’assemblée nationale en signe de solidarité avec l’équipe féminine de Locri, victime de viles menaces. C’est notre manière de dire : ‘assez avec toutes les formes de violences. Une manière aussi de préparer notre entrée dans la nouvelle année avec ironie et bonne humeur’ ». Mais chez beaucoup, le sujet ne prête pas trop à rire.

Lucien Mpama

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