Lutte contre fraude fiscale : une nouvelle stratégie élaborée

Mardi 5 Mai 2015 - 17:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La RDC enregistre chaque année une fraude fiscale et des détournements évalués à environ 15 milliards de dollars américains.

C’est un véritable pavé que vient de jeter le conseiller spécial du chef de l’État en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Luzolo Bambi est, en effet, monté au créneau le 4 mai pour dénoncer la fraude fiscale tendant à prendre des proportions inquiétantes au grand dam de la population qui en est la principale victime. La RDC, a-t-il déclaré, perd chaque année dix à quinze milliards de dollars résultant de la fraude fiscale et des détournements. Les propos de cet officiel font tressaillir lorsqu’on sait que la masse financière qui échappe, chaque année, au trésor public est de loin supérieure au budget annuel du pays qui se négocie autour de huit milliards. Un paradoxe.

C’est non sans raison que l’ex-ministre de la Justice a appelé à l’arrêt de cette hémorragie de nature à asphyxier l’économie nationale au moment où le pays se trouve en pleine phase de sa reconstruction. « La corruption est devenue endémique. Il faut l’arrêter et poursuivre ce qui a été fait avant mais autrement aujourd’hui », a lâché Luzolo Bambi. Changeant de stratégie, il souligne la nécessité, pour tous les Congolais au faîte des cas de détournements avérés, d’adresser leurs plaintes à l’adresse mail : jedenonce2015@gmail.com. En fait, pour Luzolo Bambi, cette façon de faire impliquant directement la population pourrait éventuellement dissuader les potentiels détourneurs des deniers publics.  

Ce coup de gueule de Luzolo Bambi trahit, pour ainsi dire, la persistance du phénomène qui s’est même corsée au fil de temps. Nonobstant les différentes campagnes de sensibilisation initiées contre la fraude, l’évasion fiscale, les détournements et la corruption, le coulage des recettes publiques se porte plutôt bien en RDC. Le gouvernement avait promis, à son temps, de mettre en place un système fiscal simple et transparent afin de décourager la fraude et l’évasion fiscale de sorte à pousser les agents économiques à s’acquitter de leurs obligations financières envers l’État tout en aiguillant le civisme fiscal dans les consciences. Force est de constater que cette campagne est loin de produire les effets escomptés, car le fléau persiste, encore et toujours.

Difficile de prédire si la recette de Luzolo Bambi pourrait contribuer à faire baisser la tendance. Une chose est vraie, c’est qu’aujourd’hui plus qu’hier, la RDC continue de tenir la dragée haute en termes de corruption et de blanchiment des capitaux symbolisés notamment par l’essaimage des chantiers disséminés à travers la capitale. Pour certains experts, il y a lieu d’améliorer l’efficacité et la rentabilité des services mobilisateurs des recettes, d’assainir l’environnement fiscal des entreprises pour espérer extirper cette gangrène dans le système économique national.  

Alain Diasso