Lutte contre la pollution: une mise en garde contre toute fuite du carbone vers les PMALundi 7 Novembre 2022 - 11:15 Alors que les nations se réunissent en Egypte pour la COP27, les pays les moins avancés (PMA) ne doivent pas devenir des « refuges » ou des « paradis du carbone » pour des pollueurs, pendant que les pays riches éliminent progressivement de leurs économies les industries à fortes émissions, a averti la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Face à des « lois environnementales efficaces et de plus en plus restrictives » pour réduire les émissions de CO2 sur le marché domestique, des contraintes poussent souvent des entreprises à polluer à l’étranger. La conformité avec des politiques des partenaires commerciaux pose de nouveaux défis aux PMA, selon la Cnuced. Pour sa secrétaire générale, Rebeca Grynspan, « la communauté internationale doit tenir compte de leurs besoins en matière de développement et les soutenir pleinement pour assurer une transition vers une économie sobre en carbone juste, équilibrée et durable ». En effet, toute politique des partenaires commerciaux ciblant les émissions de carbone générées par la production de biens exportés pourrait avoir un effet modérateur sur les exportations des PMA. Le rapport 2022 sur les PMA de la Cnuced indique que les conséquences pourraient être graves si de telles politiques devaient « déplacer des industries polluantes des pays développés vers les PMA pour permettre aux premiers de respecter leurs engagements en matière de réduction des émissions de CO2 - c’est ce qu’on appelle la fuite de carbone », a mis en garde Rebeca Grynspan. Prendre en compte les intérêts des PMA Le rapport s’inquiète du fait que les PMA, qui sont marginalisés dans le commerce mondial, sont désormais confrontés à des vents contraires supplémentaires en raison des politiques environnementales de leurs partenaires commerciaux. Il exhorte la communauté internationale à prendre en compte les intérêts des PMA et à éviter les mesures politiques limitant la marge de manœuvre de ces pays et augmentant la probabilité de voir apparaître des refuges des pollueurs parmi eux. Les quarante-six PMA, qui abritent environ 1,1 milliard de personnes, ont contribué de façon minime aux émissions de CO2. En 2019, ils représentaient moins de 4% du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pourtant, au cours des cinquante dernières années, 69% des décès à niveau mondial causés par des catastrophes liées au climat sont survenus dans les PMA. Mais les économies de ces pays dépendent en grande partie des exportations de produits de base (minéraux, métaux, combustibles), qui entraînent des émissions élevées de CO2 et constituent souvent des intrants dans les chaînes de valeur mondiales à forte intensité de carbone (produits métalliques, ciment, engrais ou électricité). L’élan vers la réduction des émissions de carbone pourrait avoir un impact négatif sur les secteurs des exportations des PMA, prévient le document. Les plus de deux tiers des PMA, dont l’économie dépend de l’exportation de produits de base à fortes émissions de carbone, pourraient être confrontés à de graves contraintes budgétaires et à une perte de production économique si l’extraction de ces produits devait être fortement réduite. Face à la vulnérabilité des économies des PMA, la Cnuced exhorte les partenaires au développement à accorder un traitement spécial et différencié aux PMA en leur fournissant un financement ciblé. Cela implique le respect de leurs engagements en matière de financement climatique et le relèvement de leur niveau d’ambition en matière d’objectifs de financement. Dans le même temps, les PMA ont besoin de politiques nationales pour une transition vers une économie sobre en carbone, en vue de promouvoir l’adoption de technologies et d’innovations vertes et de créer un environnement propice à la mise à niveau technologique et à une innovation plus large. Cela implique aussi une réorganisation de la fiscalité, un redoublement d’efforts pour réduire et éliminer les flux financiers illicites et le réaménagement du rôle des banques publiques de développement et des banques centrales. Noël Ndong Notification:Non |