Lutte contre le paludisme : le Professeur A. Elira Dokekias éclaire la lanterne à propos des « Moustiques blindés »

Jeudi 28 Avril 2016 - 14:17

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Ces derniers temps, une rumeur faisant état de la présence au Congo d’une espèce de moustique appelée « blindé », circule dans le pays. On suppute que ce genre de moustique serait très résistant aux insecticides, et transmettrait le paludisme. En sa qualité de directeur des Hôpitaux et de l’organisation des soins, le Professeur A. Elira Dokekias a aussitôt démenti cette information.

« Ce genre de moustique n’existe pas. Dans la production des moustiques adultes, il existe un autre genre capable de transmettre le paludisme appelé anophèle. Au Congo, il y’a plutôt le chikungunya, une espèce de moustique sévissant pratiquement à l’état endémique. Ce virus existe dans notre pays, et résiste lorsqu’on fait le test », a expliqué le professeur Elira.

Le Chikungunya, a-t-il poursuivi, est une maladie virale due à un arbovirus (Alphavirus) transmis par certains moustiques de la famille des Aèdes. « Quand le chikungunya est symptomatique, il débute de façon soudaine par une fièvre généralement élevée, associée à des douleurs articulaires intenses et à une éruption cutanée transitoire ».

En effet, la période qui s’écoule entre la piqûre de moustique infectante et l’apparition des premiers signes de la maladie est de deux à six jours. Les personnes infectées peuvent ou ne pas présenter de symptômes. Mais le seul traitement capable de calmer le patient a-t-il dit, est symptomatique. Il comprend la prise de paracétamol qui peut faire en sorte que, dans certains cas, le virus sort de lui-même. Raison pour laquelle on peut parler de la résistance.

« Les formes de paludisme qui résistent au traitement sont rares chez nous. Sauf si le traitement administré est mal appliqué. Le danger se situe lorsque nous utilisons les médicaments qui ne sont pas recommandés par l’OMS. En les utilisant, il risque de se créer un phénomène de résistance au traitement anti paludisme », a précisé le Professeur A. Elira Dokekias.

Il estime qu’il y a certainement eu une autre interprétation de la population vis-à-vis du comportement que le moustique affiche actuellement par rapport aux insecticides utilisés dans les ménages.

Par ailleurs, dans le cadre du suivi fait par la direction du programme national de lutte contre le paludisme au Congo, et en Afrique Subsaharienne, l’on a constaté que les moustiques ont développé une certaine résistance face aux insecticides utilisés actuellement.

« La communauté scientifique  est en train de travailler pour produire d’autres genres d’insecticide afin de remédier à cette difficulté », a précisé le docteur Jean Mermoz Youndouka, coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme.

Le paludisme et ses aspects…

Parlant justement du paludisme et ses aspects au niveau des hôpitaux et des établissements de soin, le Professeur A. Elira Dokekias a indiqué qu’au Congo, il demeure la première cause de morbidité, c’est-à-dire que, le paludisme reste le premier motif de consultation et d’hospitalisation. Malheureusement, a-t-il déploré, le paludisme reste encore la première cause de mortalité, en particulier chez l’enfant.

« Les formes de paludisme graves qui, jadis, étaient en régression entre 2013 et 2014, grâce à la bonne mise en œuvre des mesures de gratuité du  traitement du paludisme, ont malheureusement réapparu à cause des difficultés dans le cadre de l'emploi de ces mesures au niveau des centres de santé », a-t-il regretté. C'est ainsi qu' il souhaite que cette mesure au Congo soit effective.

« Si les choses sont biens assainies, les médicaments et les tests de dépistage pourront être disponibles. Il convient aussi de relancer la formation des cadres pour mettre à jour les schémas thérapeutiques, et permettre au personnel de santé de comprendre comment peut-on assurer la prise en charge du paludisme, afin que, d’ici 2025 nous réduisons comme d’autres pays de 50% le poids du paludisme dans le cadre de la morbidité et de la mortalité au Congo », a conclu, le directeur des Hôpitaux et de l’organisation des soins.

Maladie parasitaire due au plasmodium, le paludisme est transmise par un moustique appelé l’anophèle. Il est mortel et les personnes les plus exposées sont les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Rendre son environnement propre et dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide sont indispensables pour lutter contre le paludisme.

Le 25 avril de chaque année, les Etats membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) célèbre la Journée mondiale de lutte contre le paludisme. Celle-ci tourne autour de la sensibilisation en vue de présenter aux populations cibles les dangers de cette maladie en Afrique.

Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

- le Professeur A. Elira Dokekias crédit photo adiac

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