Majorité présidentielle : Minaku et Matata sur les nerfs

Mercredi 19 Août 2015 - 19:30

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La réduction sensible, à hauteur de 60%, du budget de rémunération et de fonctionnement de la chambre basse du Parlement est à la base de cette méfiance.

Deux plus hautes personnalités du pays, en l’occurrence Matata Ponyo et Aubin Minaku, incarnant deux institutions de premier-plan (le gouvernement et l’Assemblée nationale), n’émettent plus sur la même longueur d’ondes. Leurs rapports auraient pris un sacré coup depuis que le premier avait pris l’option de réduire sensiblement le budget de rémunération et de fonctionnement de la Chambre basse du Parlement. Il appert que cette façon de faire n’était pas du goût du speaker de cette institution législative qui est vite passé à l‘offensive en exigeant à ce que des explications claires lui soient fournies. Ce, d’autant plus que le Sénat, la chambre sœur, a maintenu son enveloppe intacte conformément à la part lui allouée dans la loi budgétaire 2015. « L’on ne comprend pas que le Premier ministre n’ait d’yeux que sur l’Assemblée nationale alors que la primature qu’il dirige et la présidence de la République sont constamment accusées de dépassement atteignant des seuils jamais soupçonnés », se plaint une source proche de l’administration de l’Assemblée nationale.

Après l’ajournement de la séance de clarification prévue pour le 17 août suite à une altercation entre la suite du Premier ministre et le protocole du speaker de la chambre basse, la méfiance entre les deux personnalités reste toujours de mise. Elle se serait même corsée, assaisonnée par de nouveaux faits saillants qui, plutôt que de les rapprocher, les divise davantage.

C’est notamment le cas de la controverse suscitée par l’achat récent d’un avion airbus 320 de Congo Airways. Le gouvernement qui s’est félicité d’avoir acquis sur fonds propres cet aéronef censé accélérer l’opérationnalité de la nouvelle société d’aviation est loin de convaincre de nombreux députés quant à son coût réel. Les 25 millions de dollars avancés par Matata Ponyo sont remis en cause par des élus du peuple qui stigmatisent une « sur évaluation » sans commune mesure avec l’état technique de l’avion et sa puissance. Le coût réel serait, d’après eux, de l’ordre de 7 millions de dollars. De quoi porter un discrédit sur les estimations de l’exécutif national révélatrices, selon maints observateurs, de la magouille qui souvent entachent ces genres de marchés.

Entre-temps, l’on apprend qu’une question orale avec débat serait en gestation autour de cette nébuleuse affaire. « Si les faits sont avérés, ça sera une situation très grave parce que la République aurait perdu là où elle devait en principe gagner », a indiqué le député Serge Mayamba. En fait, la représentation nationale veut en savoir un peu plus sur cette acquisition. Le ministre des Transports et Voies de Communication Justin Kalumba est mis en cause avec pour grief essentiel : achat à moindre coût d’un aéronef destiné à la nouvelle compagnie aérienne nationale.

Un choc frontal se profile donc entre Matata Ponyo et Aubin Minaku via le ministre des Transports qui, par ailleurs, traîne un contentieux avec l’Assemblée nationale suite à une motion de défiance articulée contre lui en juin dernier et ajournée en dernière minute. Accusé d’insubordination contre le président de l’Assemblée nationale après le rejet de son projet de loi portant Code de la route qu’il tenait à reprogrammer à tout prix en impliquant le chef du gouvernement, Justin Kalumba est depuis lors sur la ligne de mire des députés qui l’attendent au tournant. La motion de défiance initiée contre lui reste toujours suspendue sur sa tête. Après leur avoir échappé une première fois prétextant des « vrais-faux ennuis de santé », les élus du peuple entendent, cette fois-ci, ne pas lâcher leur proie. Comme qui dirait, la guerre entre Matata Ponyo et Aubin Minaku pour laquelle il faudrait redouter de nombreux dégâts collatéraux, ne fait que commencer…

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Aubin Minaku et Matata Ponyo

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