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Malaise en CEEAC

Mardi 10 Juin 2025 - 14:15

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Trois paragraphes et une décision lourde. Le communiqué annonçant le retrait du Rwanda de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) a été rendu public le 7 juin. Le jour même où l'Organisation sous-régionale regroupant dis pays clôturait sa 26e session ordinaire à Malabo, en Guinée équatoriale.

Kigali n'a visiblement pas apprécié l'entorse faite au fonctionnement d'une instance d’intégration dont il fait partie en tant que membre à part entière. Logiquement, la présidence tournante de la CEEAC lui revenait de droit à l'issue du sommet. Cette règle s’appliquant depuis toujours, sauf en cas de situation exceptionnelle, la frustration de l’héritière légitime du poste n’a pas été contenue.

Le 7 juin, les chefs d'Etat réunis à Malabo ont donc décidé de retarder le mandat du Rwanda du fait du climat tendu avec l’un de ses voisins, la République démocratique du Congo (RDC). Le président rwandais, Paul Kagame, était représenté au sommet par son ministre des Affaires étrangères pendant que son homologue de RDC, Félix Tshisekedi, sur place, a dû mener un lobbying qui a fonctionné.

Le retrait du Rwanda de la CEEAC augure-t-il un avenir radieux à la Communauté sous-régionale et règle-t-il pour autant la situation sécuritaire de l’Est de la RDC ? On peut en douter. Pour l’Afrique centrale, l’absence de l’un de ses membres actifs en matière d’intégration, toute proportion gardée, salué pour son modèle de développement au-delà des frontières de l’espace considéré, a tout l’air d’un revers.

Dans la mesure où ce retrait s’opère pendant que des pourparlers ont lieu à Doha, au Qatar, entre Kinshasa et Kigali pour mettre fin à la crise qui les oppose, il est à craindre une dépréciation du semblant de confiance établi dans le cadre de cette médiation. Les autorités rwandaises mettant le « coup » de Malabo au compte de l’activisme « malveillant » de leurs homologues rd-congolaises peuvent perdre de leur enthousiasme.

De deux choses l’une, le Rwanda qui justifie sa démarche en dénonçant « une organisation dont le fonctionnement est désormais contraire à ses principes et à son utilité » (sic), pourrait vite se rendre compte d’une impasse : sa décision radicale, dans le cas d’espèce justifiée, l’éloigne d’un pôle de concertation et de décision qui lui fera certainement défaut dans les jours à venir d’autant plus qu’en raison du conflit avec la RDC, des voix s’élèvent de partout pour l’inviter à souscrire aux impératifs de bon voisinage.

L’on apprend, par ailleurs, que les dirigeants d’Afrique centrale s’apprêteraient à acter la fusion des deux ensembles sous-régionaux, la CEEAC et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Un rêve de longue date qui, s’il devenait une réalité dans un délai raisonnable, concrétiserait un peu plus l’ambition exprimée par tous de voir l’Afrique centrale gagner la bataille de l’intégration. Kigali a bien du potentiel à faire valoir dans ce cadre.

Pour ne pas conclure sur ce sujet combien important, disons que créer les grandes institutions régionales est une chose, en préserver l’harmonie en est une autre. Chaque fois qu’une réponse technique est préférable au tout-politique qui pourrait conduire à un clash, mieux vaut faire prévaloir le droit. Pour la CEEAC comme pour le Rwanda, la rupture du 7 juin arrive au mauvais moment. Il faut espérer que les deux parties relanceront le dialogue pour poursuivre ensemble la construction d’un espace d’échange qui a besoin de toutes ses intelligences pour réaliser ses nobles ambitions de développement.

Gankama N'Siah

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