Matières premières : pas de croissance de l’industrie minière au détriment du social

Samedi 11 Octobre 2014 - 13:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Certaines ONG du Katanga et de l’Est de la RDC ont rappelé aux miniers leur responsabilité sociale qui doit se traduire, selon elles, par une meilleure prise en compte des conditions de vie des communautés locales. 

Lors de la Semaine minière du Katanga, la capitale du cuivre, Lubumbashi, a ouvert un grand débat sur cette problématique. En effet, cette province qui a connu sa première coulée de cuivre industrielle dans les années 1911, cherche à promouvoir une industrie minière plus respectueuse des questions communautaires et environnementales. Pour ces ONG, les femmes et les enfants qui ont payé le plus lourd tribut des guerres fratricides tant au Katanga que dans l’est de la RDC, doivent enfin tourner la page, et mieux profiter des possibilités offertes par le secteur minier qui continue à tirer la croissance économique de la RDC. Au-delà, cette réflexion s’est quelque peu étendue sur d’autres défis qui s’imposent aux femmes désireuses cette fois de faire carrière dans le secteur minier.       

Hear Congo fait partie de ces ONG qui aident ces femmes et enfants à réaliser leurs rêves, a expliqué son responsable. Sa vision est de militer pour un Congo plus fort où ces deux catégories vulnérables peuvent profiter à long terme de la paix et de la stabilité. À ce titre, l’organisation planifie des programmes qui visent à améliorer le bien-être physique et mental, tout en offrant l’accès à l’alphabétisation et à l’éducation ainsi qu’aux ressources économiques. Tout le défi est d’arriver à pousser les entreprises minières à réinvestir pour le développement des communautés locales. Il s’agit aussi d’assurer d’une certaine façon l’autonomisation des femmes.

Aussi Hear Congo est-il impliqué dans plusieurs projets, parfois en partenariat avec d’autres organisations. Ces projets concernent l’accès des femmes et filles au tout premier programme français mis en oeuvre dans la périphérie de Lubumbashi. Il existe également un programme intégré réalisé à Goma, capitale du Nord-Kivu. Avec un organisme communautaire partenaire basé dans cette ville, il y a un projet de renforcement et de réinsertion des adolescents et des jeunes. Ce genre de programme peut être multiplié sur les autres provinces du pays.

Ce débat est important pour ramener à la surface les frustrations sociales face à un secteur qui continue sa croissance. D’autres acteurs de terrain en ont profité pour parler de la présence des femmes et des enfants dans les sites miniers artisanaux. Ces femmes sont confrontées à la violence sexuelle et à toute forme d’abus mais aussi au VIH-sida et autres MST ainsi qu'à la prostitution. Il faut ainsi engager une discussion la plus large possible sur ces problèmes qui contribuent à ternir l’image du pays. Pour certains acteurs de terrain, la création d’une association nationale Renafem par le gouvernement congolais en collaboration avec la Banque mondiale et de l’Union européenne, est un pas dans la bonne direction pour réfléchir sur des solutions durables aux conditions des femmes et enfants. Le défi est d’arriver à diffuser suffisamment les lois sur la participation et la protection des femmes dans le secteur minier. Et justement la mise en œuvre de ces programmes permet de promouvoir le développement durable dans l’industrie minière en RDC.  

Laurent Essolomwa