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Mèches plastiques : phénomène de mode ou aliénation culturelle ?Samedi 31 Août 2013 - 10:46 L’effet de mode semble gagner le continent tout entier. À l’ouest, au sud et surtout au centre de l’Afrique, les femmes ne se pensent plus désormais qu’en termes de tresses et autres mèches quand elles parlent de leur coiffure En clair, La femme africaine n’est plus, pour reprendre l’expression d’un dédaigneux, que « tout plastique ». Les cheveux artificiels, sous la forme d’une perruque, de tresses prêtes à poser, entremêlées aux cheveux naturels sont devenus la tendance obligée. Prêts à être fixés, faciles d’entretien et beaux à voir, les cheveux artificiels font de la femme africaine, partout, une afro-américaine. Une majorité ne jure plus que par eux, ne sortent que si leur tête en est couverte. Les salons de coiffure eux-mêmes ne semblent plus avoir comme activité principale que la pose artistique ou la vente de ces cheveux artificiels. Ils ont, qui plus est, la faculté de cacher certains des désagréments qui arrivent de plus en plus souvent aux femmes d’Afrique : la perte de cheveux ou leur difficulté à pousser normalement. Mais il existe une autre raison. Se peigner quand on est porteuse de cheveux naturels est une entreprise qui a ses difficultés. Les cheveux naturellement crépus doivent être soumis à des traitements particuliers, appellent des ornements de toute nature pour que le peigne puisse passer dedans sans problème et les plis se maintenir. Alors, plutôt que de passer 30 minutes à se coiffer dans sa chambre, la Congolaise préfère s’en remettre aux cheveux de nylon. Ils font gagner du temps et passent pour plaire aux hommes. Y a-t-il danger ? Une aliénation culturelle ? Les cheveux artificiels viennent résoudre des problèmes, mais en créent-ils ? Le débat commence à s’enflammer. Une association nigériane promeut une campagne pour les cheveux naturels africains. Elle soutient que, quels qu'en soient les motifs, le recours aux cheveux artificiels est une aberration qui conduit à perdre ses propres cheveux. À force de recourir aux curlys et à toutes les crèmes assouplissantes, les femmes font courir un danger à leur cuir chevelu. Des scientifiques mettent aussi en garde contre les risques réels d’un contact trop direct du plastique avec le corps humain. Au Canada, par exemple, on affirme que certains produits de la vie courante en plastique – biberons, bouteilles d’eau minérale, emballages plastiques et même chaussures – contiennent une substance potentiellement cancérigène, le bisphénol. Personne n’a pu démontrer que les cheveux artificiels étaient à la base de l’explosion des cas de cancers actuels en Afrique, mais des associations n’hésitent pas à joindre cet argument à la liste de leurs griefs. La très grande majorité des femmes noires américaines, aux États-Unis, à Cuba ou au Venezuela, ont des cheveux naturellement souples. Pourquoi les cheveux de la femme africaine sont-ils crépus ? La question intéresse aussi les savants, comme l’a démontré un colloque sur la question organisé récemment dans une université de Manchester. Mais au milieu des arguments pour ou contre les défrisages, il a surtout été avancé que chaque femme est belle tant qu’elle se sent bien dans la peau. Luce-Jennyfer Mianzoukouta |