Menaces de Boko Haram : le Tchad propose son soutien au Cameroun pour combattre la secte islamiste

Jeudi 15 Janvier 2015 - 12:26

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Après de nouveaux raids meurtriers du groupe islamiste dans l'extrême-nord du Cameroun, le gouvernement tchadien a exprimé  le 14 janvier sa solidarité avec ce pays voisin et s’est dit « disposé à lui apporter un soutien actif dans la riposte courageuse et déterminée de ses forces armées aux actes criminels et terroristes de Boko Haram ».

« Face à cette situation qui menace dangereusement la sécurité et la stabilité du Tchad et porte atteinte à ses intérêts vitaux, le gouvernement tchadien ne saurait rester les bras croisés (…). Le Tchad appelle en outre tous les États de la sous-région, en particulier les États membres de la CEEAC à soutenir le gouvernement camerounais en vue de faire échec aux incursions déstabilisatrices de cette secte », précise un communiqué.

Le gouvernement tchadien a pris cet engagement à l’issue de la rencontre à N’Djamena entre le président tchadien Idriss Déby et le ministre camerounais de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo'o. Un tel appui annoncé valait la peine lorsqu’on sait que les deux pays sont frontaliers dans la partie nord-est du Nigeria que Boko Haram contrôle en partie.

Pour le gouvernement tchadien, « c'est l'occasion pour les États de traduire clairement et dans les actes la solidarité maintes fois évoquée dans les discours ». Hormis cela, le Tchad a exhorté la communauté internationale « à des actions concrètes et conséquentes en faveur du Cameroun et de tous les États riverains du Lac Tchad, en vue d'éradiquer ce fléau que constitue la secte Boko Haram »

N’Djamena et Yaoundé ont décidé de mutualiser leurs efforts dans la lutte contre le groupe islamiste au moment où la passivité du Nigeria et de la communauté internationale face à la progression de Boko Haram est très critiquée, suscitant un sentiment d'isolement grandissant. Cela se passe alors que que depuis des mois, le groupe islamiste multiplie les actions dans l'extrême-nord Cameroun, entre pose d'explosifs, attaques de véhicules de transports en commun et de bases militaires, incendies dans les villages, ou vols de bétail. Pas plus longtemps que lundi, d'intenses combats ont éclaté autour d'un camp militaire au Cameroun, opposant soldats camerounais à des centaines d'islamistes venus du Nigeria voisin. Selon Yaoundé, cette attaque a fait 143 morts du côté des terroristes et un soldat camerounais a été tué tandis qu'un important arsenal de guerre a été saisi.

Le Tchad qui est jusqu'à présent épargné par ces attaques de Boko Haram a décidé de renforcer ses contrôles aux frontières face à la montée des violences de la secte islamiste Boko Haram au Nigeria et dans la partie nord du Cameroun. Le pays a renforcé ses mesures sécuritaires qui se traduisent actuellement par l’augmentation de la surveillance, la multiplication des barrières de contrôle sur son territoire. Tout cela a lieu alors que selon des sources humanitaires, 12 000 Nigérians ayant fui le nord Nigeria ont trouvé refuge au Tchad.

Les violences perpétrées au Nigeria et au Cameroun par Boko Haram ont conduit l'Union africaine (UA) à condamner le groupe islamiste. Dans un communiqué rendu public mardi, la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a  qualifié « d'odieuses » les attaques du groupe. Elle a appelé la communauté internationale à renouveler son soutien pour le combattre, mais aussi les pays affectés par la violence du mouvement terroriste. Outre le Nigeria et le Cameroun, l'insurrection de Boko Haram affecte également le Tchad et le Niger. L’UA a souhaité que cela se fasse instamment parce que, d’après elle, la mobilisation sans précédent en France suite aux attentats de la semaine dernière à Paris a suscité une certaine indignation d'une partie de l'opinion africaine qui dénonce « une solidarité sélective ». Elle a, en outre, promis de poursuivre sa collaboration avec les pays de la région pour mettre en œuvre une Force multinationale conjointe contre les insurgés islamistes.

 

 

 

Nestor N'Gampoula