Nord-Kivu : Human Rights Watch enfonce le M23

Mardi 23 Juillet 2013 - 16:45

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Les rebelles du M23 ont exécuté sommairement une quarantaine de personnes et violé au moins soixante et une femmes et jeunes filles depuis mars dans l’est de la RDC, soutient l’ONG

 La situation sur la ligne de front est très préoccupante  au Nord-Kivu ces dernières heures suite à la reprise des combats entre les Fardc et le M23. Concentrés autour des groupements de Kibati, Kanyarucinya et Kiwandja, les combats, d’une rare intensité, ne cessent de causer des dégâts tant matériels qu’humains. Le rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW) publié, le 23 juillet, donne la mesure du drame qui prévaut dans cette partie du pays. Les hauts faits d’armes enregistrés par les Fardc, qui ont récupéré quelques positions rebelles, ne se sont pas accomplis sans casses. En position de repli face à l’offensive des forces loyalistes, les rebelles du M23 ont semé la désolation dans les localités encore sous leur occupation. L’ONG américaine recense au moins 44 personnes exécutées sommairement et au moins 66 femmes et jeunes filles violées depuis mars 2013 dans l’Est de la RDC.

Des statistiques macabres qui portent, d’après l’ONG, les empreintes du M23. HRW fonde ses allégations sur plus de cent entretiens réalisés depuis mars avec « des anciens combattants du M23 qui ont quitté le mouvement entre fin mars et juillet » et avec « des civils vivant près de la frontière rwando-congolaise ». Plusieurs meurtres et viols documentés par cette ONG internationale sont le fait des rebelles du M23 qui, tout récemment encore, ont recruté de force des jeunes à Goma. Ceux qui ont refusé de se plier à ce mot d’ordre ont été exécutés sommairement dans plusieurs villages du groupement de Busanza dans le territoire de Rutshuru, révèle l’ONG. Des villageois suspectés d’entretenir des liens étroits de collaboration avec des milices hutues congolaises, ont été également tués par les rebelles du M23, rapporte la même source. Ces évènements ont eu lieu entre les 25 et 26 avril, précise HRW.

Le même rapport revient sur l’aide militaire que le Rwanda accorde au M23. Pour l’ONG, cet appui rwandais à la cause rebelle est une réalité comme en témoignent les récentes activités de l’armée rwandaise. L’ONG cite, entre autres, les mouvements réguliers des convois militaires en provenance du Rwanda vers la RDC afin d’approvisionner en armes, munitions, vivres et autres fournitures les rebelles du M23. HRW va même plus loin et évoque, dans son rapport, la formation dont ont bénéficié tout récemment les nouvelles recrues du M23 de la part des officiers de l’armée rwandaise. L’ONG soutient que les uns et les autres se sont rencontrés à plusieurs reprises, échangeant régulièrement entre eux notamment sur les questions de stratégies militaires. Dans le souci de confronter les éléments en sa possession pour équilibrer son rapport, HRW a cru bon de contacter le responsable militaire du M23 Sultani Makenga. Ce dernier a déclaré son indisponibilité à émettre un quelconque jugement sur les accusations portées contre son mouvement. Même attitude de la part des responsables gouvernementaux et militaires rwandais qui sont restées sans réponse. Pour maints observateurs, ce nouveau rapport vient confirmer, une fois encore, le caractère barbare et nuisible de la rébellion du M23 responsable, selon HRW, « de nombreux meurtres, viols et autres crimes graves » commis sur une grande échelle.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des éléments du M23 au front