Nouvelle République : « Il faudrait qu’un jeune soit égal à un métier », pense Bersol Exaucé Ngambili Ibam

Mercredi 20 Avril 2016 - 19:15

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Réagissant au discours d’investiture du président de la République, Denis Sassou N’Guesso, le président du Conseil national de la jeunesse (CNJ-Congo) s’est dit rassurant. Dans une interview aux Dépêches de Brazzaville, Bersol Exaucé Ngambili Ibam qui a abordé plusieurs aspects liés au devenir des jeunes, pense que ce discours est dédié à près de 60% à la jeunesse congolaise.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Dans son discours d’investiture le 16 avril dernier, le président de la République est longuement revenu sur les problèmes des jeunes. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Bersol Exaucé Ngambili Ibam (B E N I) : Je crois que le discours d’investiture du président de la République, est pour nous un ouf de soulagement. Nous pouvons dire que le plaidoyer que le Conseil national de la jeunesse (CNJ-Congo) a mené jusqu’ici, est en train de produire ses fruits. Vous constaterez avec nous que lorsque nous sommes arrivés à la tête du CNJ, quand nous parlions du dialogue intergénérationnel, de la gouvernance intergénérationnelle, c’était illusoire, utopique pour certains. Le président avait annoncé sa candidature en février dernier, dans le cadre d’un dialogue intergénérationnel avec des jeunes venus de partout. Quand nous avons suivi son discours d’investiture, il nous a rassurés une fois de plus de la place que la jeunesse doit occuper dans la Nouvelle République. Si vous faites marche en arrière, vous ne trouverez pas de discours du chef d’Etat dans lequel il y a près de quatre, cinq paragraphes pour parler des jeunes.

LDB : L’une des préoccupations majeures des jeunes aujourd’hui, c’est le chômage et le chef de l’Etat a mis un accent particulier sur l’emploi des jeunes à travers la formation qualifiante. N’est-ce pas une assurance de plus pour vous qui plaidez souvent la cause de la jeunesse ?

B E N I: Nous sommes fiers du plaidoyer, et souhaitons que le combat mené puisse aboutir. Ce serait comme il l’a dit lui-même, la formation qualifiante des jeunes. Il faudrait qu’un jeune soit égal à un métier. Les formations assez généralistes que l’on donne dans nos facultés ne donnent toujours pas de qualifications aux apprenants. D’ailleurs, vous constatez que la plupart des jeunes congolais veulent faire de la politique, personne ne veut s’intéresser à la technique parce que la formation qualifiante a perdu plus ou moins ses lettres de noblesse. Le président veut redorer ce blason terni. L’emploi des jeunes ne se résume pas à la Fonction publique, nous sommes tous conscients que celle-ci ne peut plus résoudre le problème du chômage des jeunes. Il s’agira de financer les projets des jeunes en renforçant les fonds à l’entrepreneuriat juvénile existant, créer ce qui n’existe pas pour que les jeunes aient effectivement la capacité de créer leurs entreprises, d’embaucher leurs collègues.

Parlant de ces problèmes des jeunes, le président a compris ce plaidoyer que nous avons mené sur la gouvernance intergénérationnelle, c’est-à-dire la place des jeunes dans les instances de prises de décisions. Les jeunes disaient, au sommet de l’Union africaine à Malabo, que « ce qui est fait pour nous sans nous, n’est pas fait pour nous ». Mais là, le président donne une réponse directe en disant que plus rien ne se fera dans ce pays sans la jeunesse. Nous en sommes fiers, tout ce que nous attendons, c’est que le prochain gouvernement s’attèle à ce que les orientations du chef de l’Etat sur ce quinquennat soient une réalité et que les Congolais en général et les jeunes en particulier vivent mieux cette nouvelle République que nous avons tous appelée de nos vœux. C’est un discours très rassurant pour nous CNJ, car il est dédié à près de 60% à la jeunesse congolaise.

LDB : Citant les problèmes des jeunes, le président de la République a indiqué que le Conseil consultatif de la jeunesse est le bienvenu. Aviez-vous un commentaire à ce sujet ?

B E N I : C’est un combat que le Conseil national de la jeunesse a mené de bout en bout. Dans certains pays comme le Rwanda, le Conseil national de la jeunesse a un statut juridique pointu, c’est un organe constitutionnel. Nous demandions donc que le CNJ ait un statut juridique important, nous l’avions dit au dialogue national de Sibiti et un peu partout où besoin était, c’est ainsi qu’on a eu l’idée de créer les conseils consultatifs de toutes les couches sociales (jeunesse, femmes, personnes vivant avec handicap, sages). Nous pensons que le Conseil consultatif de la jeunesse sera un organe qui viendra d’une manière ou d’une autre appuyer ou conforter la résolution des problèmes auxquels la jeunesse congolaise fait face aujourd’hui. Après l’obtention du statut juridique pointu, c’est désormais avec plus de grandeur et de poids en termes de forme et de fonds.

LDB : Le président de la République a également déploré certaines antivaleurs qui gangrènent la société congolaise, et a annoncé l’enseignement des valeurs républicaines dans les écoles publiques dès la rentrée prochaine. Les jeunes ne sont-ils pas les plus concernés par ces antivaleurs ?

B E N I : Nous saluons cette initiative du chef de l’Etat. Le népotisme, l’ethnocentrisme, la tendance à la gabegie, la paresse et bien d’autres, doivent disparaître dans cette Nouvelle République qui annonce la rupture avec les pratiques du passé. Pour cela, l’éducation civique devrait être une matière à part entière à partir de la rentrée scolaire prochaine. L’incivisme ne concerne pas seulement les jeunes parce qu’il touche aussi les responsables politiques et administratifs. Lorsque le président dit « je m’y engage », je pense que ce sera aussi l’occasion de frapper comme il le faudrait tous ceux qui vont commettre des bavures.

LDB : Aviez-vous un appel à lancer à l’endroit des jeunes au moment où nous attendons la mise en place des premières institutions de la nouvelle République ?

B E N I : La gouvernance intergénérationnelle ne voudrait pas dire que les vieux doivent partir pour laisser la place aux jeunes. Les jeunes ont besoin d’apprendre auprès des aînés, ce que nous demandons c’est ce métissage entre jeunes, hommes et femmes. Nous appelons les jeunes à renforcer nos formations parce qu’il faut se former. Les pays ne se développent pas par rapport aux nombres de politiciens, mais en fonction des jeunes inventeurs, entrepreneurs, ingénieurs. Il est temps que nous fassions preuve de responsabilité et de maturité. Le président dans son discours nous tend la main, il ne faut pas couper cette main tendue, mais la prendre avec douceur. Nous n’avons plus besoin de voir les jeunes dans la nouvelle République s’exprimer par des actes de violence. Nous n’avons plus besoin de troubler l'ordre public ; pour être dans un gouvernement ou occuper une place de choix, c’est aussi la rupture. Donc à nous jeunes, d’être sereins et de faire route ensemble.

 

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Bersol Exaucé Ngambili Ibam ; crédit photo Adiac

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