ONU: enjeux de l’élection des cinq nouveaux pays membres du Conseil de sécurité

Samedi 18 Octobre 2014 - 18:00

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L’Assemblée générale a désigné le jeudi 16 octobre, l’Angola, l’Espagne, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie et le Venezuela comme nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.

Alors que l’unique candidat africain, l’Angola marque son retour au poste après dix ans d’absence, le résultat de l’élection, a été perçu comme une défaite sévère pour la diplomatie turque. La désignation de ce pays comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, est intervenue dix ans après son premier mandat au même poste, dans les années 2003-2004.

Seul pays africain candidat devant remplacer le Rwanda, désigné en 2013, l’Angola a obtenu 190 voix sur les 193 pays membres. La Malaisie en a eu 187, le Venezuela 181, la Nouvelle-Zélande 145, alors que le minimum requis était les deux tiers des votants, soit 129.

Quant à la Turquie, elle n’a pas été désignée. Elle paie donc le prix de son refus d’intégrer la coalition formée autour des Etats-Unis pour combattre les djihadistes de l’Etat islamique(EI). Le revers diplomatique qu’a subi la Turquie, s’explique par la politique ambiguë qu'Ankara mène face au groupe EI et aux djihadistes sur son territoire, a indiqué  un diplomate onusien.

Les sièges au Conseil de sécurité sont très convoités grâce au prestige et à l’influence qu’ils procurent sur les affaires du monde. L’élection de la Turquie allait donc permettre à ce pays de peser sur la diplomatie mondiale durant les deux ans à venir. Mais, le siège a été arraché par l’Espagne qui, au terme de trois tours de scrutin à bulletins secrets, a recueilli le double des voix de la Turquie, soit 132 contre 60 afin d’obtenir le cinquième siège non permanent qui était à pourvoir.

« La Turquie comptait sur les votes de nombreux pays musulmans mais ses ambiguïtés et son inaction face à l’offensive de l'Etat  islamique lui ont valu des critiques », a expliqué un autre diplomate.

A l’ONU, certains ambassadeurs redoutaient l’entrée de la Turquie, voisine de la Syrie et de l’Irak, en froid avec Israël, qui risquerait de compliquer la recherche de solution dans deux dossiers essentiels: la progression des djihadistes et la relance du processus de paix au Proche-Orient.

Le Conseil de sécurité de l’ONU, il faut le signaler, est profondément divisé sur la crise syrienne ou sur l’Ukraine, notamment entre les Occidentaux d’un côté, la Chine et la Russie de l’autre. Depuis 2011, Pékin et Moscou ont mis quatre fois leur veto à des résolutions occidentales sur la Syrie. De même, chaque débat sur la Crimée ou l’est de l’Ukraine a été bloqué par les deux diplomaties.

A cette situation de bipolarisation de l’organisation s’ajoute, l’entrée du Venezuela qui annonce de prime à bord, des séances difficiles avec les Etats-Unis.   Déjà, l’ambassadrice américaine Samantha Power a dénoncé l’obstruction systématique du Venezuela à l’ONU et les violations des droits de l’homme dans le pays. Elle retrouvera désormais autour de la table de réunions du Conseil de sécurité, la fille du défunt président, Hugo Chavez, Maria Gabriela, 34 ans, qui vient d’être nommée ambassadrice adjointe du Venezuela à l’ONU.

Les cinq États élus, disposent d’un mandat de deux ans qui entre en vigueur à partir du 1er janvier 2015 jusqu’à fin décembre 2016. Le Conseil, qui compte 15 membres dont cinq permanents, renouvelle chaque année la moitié de ses dix sièges non permanents, sur une base régionale.

 

Fiacre Kombo (stagiaire)