ONU : « le prochain secrétaire général sera européen, mais pas moi », dit Prodi

Mardi 10 Mars 2015 - 16:45

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Son nom a été évoqué en beaucoup d’endroits et pour les distinctions les plus prestigieuses mais l’ancien Premier ministre italien veut jouir de sa retraite.

Ancien président de la Commission européenne et ancien Premier ministre d’Italie, ancien représentant du secrétaire général de l’ONU pour le Sahel, Romano Prodi n’entend pas céder aux sirènes du pouvoir. L’homme a renoncé à toute charge publique même s’il continue de garder un œil vigilant sur la marche du monde, de son pays et de son parti de gauche, le Parti démocratique (PD). Des voix le voyaient la semaine passée comme le seul capable d’amener les différents belligérants libyens autour d’une table de négociation. Il connaît bien le terrain, avait mis en garde contre un engagement de l’Otan en Libye en 2011 et il dispose d’un carnet d’adresses à faire pâlir d’envie une rock star.

Mais à 75 ans passés, l’économiste Romano Prodi reste de marbre. Il continue de réaffirmer qu’il veut profiter de sa retraite, dédier plus de temps à ses petits-enfants, continuer de donner des conférences de par le monde. C’est précisément au retour d’une de ces conférences samedi dernier, à l’université de Bologne sa ville natale, qu’un étudiant lui a demandé à brûle-pourpoint : « accepteriez-vous de devenir le prochain secrétaire général de l’ONU ? ». La réponse a été tout aussi nette :  non ! « À la fin du mandat de Ban Ki-moon, le prochain secrétaire général de l’ONU sera bien un Européen mais pas moi ».

Et d’expliquer pourquoi: « il n’y aucune règle, mais il faut remonter loin dans le temps pour trouver un secrétaire général européen de l’ONU (l’Autrichien Kurt Waldheim, 1er janvier 1972 - 31 décembre 1981, Ndlr). Donc c’est bien le tour de l’Europe, mais ce ne sera pas moi. Parce que dans deux ans, j’aurai 77 ans et ce n’est pas un métier pour une personne fatiguée. Je parle sérieusement : il s’agit bien d’un métier, très engageant. J’ajoute qu’il y a déjà beaucoup de noms qui circulent. Ce sera donc bien un Européen, mais pas forcément Italien ».Voilà: « le professeur » comme on l’appelle, a lu dans son mark de café et livré son verdict impitoyable. De conférences en conférences, il continue de secouer l’apathie des décideurs et des intellectuels en répétant que l’Europe commet une grave erreur en continuant de porter le même regard misérabiliste sur les économies africaines qui bougent et à passer son temps à se lamenter sur les parts de marchés qu’y grignotent le dynamisme Chinois. Blasé, donc, par les très nombreux titres, diplômes et prix honorifiques. Romano Prodi sait brandir à l’occasion l’une des distinctions dont il est le plus fier : une peau de léopard africain qui le désigne comme porte-parole des peuples premiers !

Lucien Mpama