Petites escapades dans Brazzaville: le quartier militaire

A Brazzaville, la vie civile flirte avec la vie militaire. Les forces de l’ordre, corps habillés, font partie de son panorama. Ne pas les trouver serait même anormal. Sous-officiers, officiers, armée de terre, de l’air et la marine nationale, ils sont beaux nos militaires même s’ils ne sont pas très souriants ou font même très peur dans des contextes comme celui de la covid et de ses restrictions.

La moitié de la vie est consacrée à la vie militaire qui est visible à chaque coin et recoin, surtout au Centre-ville dédié à la base administrative.

En effet, siégeant en lieu stratégique, prêtant le flanc à la Corniche, le ministère de la Défense trône royalement au rond-point du quartier « militaire ». A quelques enjambées de la présidence de la République, il introduit une suite symbolique et stratégique.

Le Mausolée Marien-Ngouabi, qui dans le principe voudrait que la flamme de la mémoire de l'ancien président du Congo ne s’éteigne jamais, se dresse en face d’un jardin public où sa statue est dignement dressée en face de militaires en heures de pause qui se racontent leur quotidien d’hommes de rang.

Sur la gauche et dans le dos de cette statue, se trouve le Mess des officiers où les militaires fraîchement mariés à leur bien aimées viennent y célébrer un dîner offert au à leurs familles.

Après le Mess vient le Camp 15-août auX bâtisses anciennes non-revisitées qui créent un tableau pittoresque non sans-charme en plein centre de Brazzaville. 

L’hôpital militaire, bien niché dans le Camp 15-août, est connu aussi bien pour le sérieux de la prise en charge des malades que pour ses militaires qui chassent les garde-malades comme des « azieutés » ( jargon militaire pour qualifier les civils) à peine tolérés, surtout à l’heure du rassemblement général.

Cet hôpital, c’est une expérience morale même quand on est malade. En face, un tableau plus joyeux et moins stressant qu’est celui des immeubles construits pour le logement des officiers militaires, jusqu’au Camp clairon désormais quartier chic aux résidences huppées.

Impossible de manquer sur le trajet la mythique école Général Leclerc, où les élèves officiers sont connus dans le milieu scolaire pour leur pratique du « koumbit » ou entraide entre futurs militaires en dehors des murs de l’école. Cet établissement, c’est l’excellence reconnue et confirmée dans tous les concours de la cité : poésie, slam, dictée, mathématiques… Les futurs officiers sont surtout formés à l’art de se distinguer ; expérience militaire oblige.

Quand on ressort et l'on revient vers le bord du fleuve, sur la gauche du mausolée et dans le prolongement du ministère de la Défense, on croise le portail de l’état-major général dont les murs se poursuivent jusqu’au rond-point de la mairie centrale. Stratégique. Bien pensé.

Chaque matin, on y voit entrer et sortir des officiers hauts gradés avec leur chef de camp et on reconnaît à la tenue l’appartenance au corps et aux galons, le niveau de grades des corps habillés qui ont cette caractéristique de marcher dans une autre dimension dans laquelle il ne leur est pas permis d’avoir une attitude familière avec les âmes des civils qu’ils sont sensés défendre et protéger.

Bien que de nouvelles casernes aient été construites aux alentours de Brazzaville et mises en fonction depuis fin 2022 pour loger les effectifs toujours en nombre important de ce corps de la société, il n’en demeure pas moins que la vie militaire fait partie intégrale du quotidien de Brazzaville et fait sa beauté. Même sans le vouloir ou en détournant pudiquement le regard, les militaires font la parade et c’est beau à voir.