Portrait : « Les bonheurs d’Inès » !

Vendredi 17 Mars 2023 - 12:20

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Docteur en droit, enseignante–chercheuse, auteure de pièces de théâtre, libraire, passionnée d’art, Inès Févillyé est le genre de femmes que l’on trouve toujours plongées dans un bouquin et c’est sans doute grâce à une comtesse qui aura marqué son enfance. 

A Poto-Poto, le troisième arrondissement de Brazzaville, Inès est une élève sage de CP. Si sage qu’une surprise l’attend à la maison. L’oncle cache d’abord les yeux de l’enfant : «  Devine », lui dit-il.  Inès ouvre les yeux, saute de joie et se souvient : «  C’était un très beau livre qui sentait bon. Ma maîtresse l’avait recommandé et j’avais insisté au près de ma mère pour qu’elle me l’achète.  Plus tard, pendant les vacances scolaires, notre père nous offrait à ma sœur et moi, qui étions les aînées de la famille, chacune un livre que nous nous échangions sitôt lu ».  Il y a aussi ce jour où son père l’emmène avec ses sœurs au supermarché pour choisir d’elles-mêmes  leur livre. A l’heure du choix, ce sera « Les malheurs de Sophie » de la Comtesse de Ségur. « Une leçon de vie à l’échelle des enfants qui m’aura beaucoup marquée », dit Inès.

Contrairement à la petite Sophie empêtrée dans ses malheurs, Inès n’a pas la tentation de l’interdit et va filer un autre chemin beaucoup plus droit.  Si elle garde en elle le goût de la lecture et le parfum des livres neufs,  Inès, qui déteste l’injustice qu’elle combat depuis sa tendre enfance, souhaite être juriste. Etudes de droit et des affaires accomplies au Congo puis en France et couronnées d’un doctorat, c’est en 1995, en Normandie, qu’elle écrit sa première pièce de théâtre, « Si le Congo vous était conté », jouée à Rouen par une association d’étudiants dans un amphithéâtre. La passion de la lecture entraînant celle de l’écriture, Inès, qui a commencé à écrire dès l’âge de 13 ans,  récidivera avec une autre pièce, « Retour au pays », publiée en 2017 aux Editions L’Harmattan.

Inès Févillyé est aujourd’hui enseignante-chercheuse, une destinée qu’elle doit peut-être à ses parents, tous deux enseignants.  Elle est aussi une femme passionnée non seulement par son métier, la lecture et l’écriture mais aussi par l’art en général et l’artisanat, avouant une préférence notamment pour la peinture.  Au n°10 de la rue Mongo, à Poto-Poto, elle est aussi une femme joliment occupée : «  C’est ici que se situe ma galerie-librairie et ma maison d’édition Primo, que j’ai créée en 2014 pour pallier l’insuffisance de librairies.   La maison d’édition ne publie pour le moment que ma revue congolaise de droit et des affaires, mes livrets d’information,  qu’ils soient sur l’économie informelle, la fiscalité, les partenariats public-privé ou encore la protection sociale », déclare Inès qui aura également publié d’autres ouvrages comme « Les droits des femmes au Congo » et « Le droit des affaires des Etats membres de l’Ohada », tous deux parus en 2020 ou « Le développement socio-économique du Congo », paru l’année suivante. 

La librairie Primo aime aussi aller à la rencontre du public à la faveur d’expositions et autres événements où elle partage ce goût immodéré pour les livres qu’ils soient ouvrages professionnels, romans, mangas, bandes-dessinées... Assurément, les livres sont « Les Bonheurs d’Inès », aurait pu écrire Sophie Rostopchine aka la Comtesse de Ségur.

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Ines Févillyé

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