Pré Cop 27 : la société civile plaide pour une transition énergétique en faveur des communautés locales

Jeudi 3 Novembre 2022 - 14:04

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Réunies du 25 au 27 octobre à Kinshasa, en marge de la Pré Cop27, à l’initiative de la Coalition Toboyi molili, les organisations de la société civile du Gabon, de la République du Congo et de la République démocratique du Congo (RDC) ont avisé sur les risques très élevés d’amplification de la vulnérabilité de la population, si ces pays ne font pas attention et ne passent pas à l’action.

 

Réunis pour discuter et réfléchir sur la Cop 27, notamment la vision « RDC, pays solution » au climat et la transition énergétique, les participants à la rencontre ont relevé que la transition énergétique apparaît aujourd’hui comme une opportunité pour stimuler le développement durable en Afrique et dans le Bassin du Congo, visant « à transformer les systèmes énergétiques pour atténuer l’impact sur l’environnemental et sur le climat, afin de fournir une meilleure qualité de vie en pérennité, tant pour la population et les communautés locales de cette génération que pour celles des générations futures ».

 Les organisations de la société civile des trois pays ont recommandé aux pays du Bassin du Congo d’abandonner des projets à fort impact négatif sur l’environnement, le social des communautés et l’économie des pays, et de promouvoir des projets d’énergies renouvelables décentralisées, pour l’amélioration de l’accès de tous à l’énergie dans ces pays, en lieu et place des méga systèmes centralisés porteurs des grands impacts négatifs.

Ces pays sont également appelés à la promotion de l’efficacité énergétique pour la consommation rationnelle et durable de l’énergie ; à travailler pour augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix-énergétique ; et à éviter des projets qui ont des impacts négatifs sur la santé des communautés (Cas de l’exploitation pétrolière qui a occasionné la réduction de l’espérance de vie à 41 ans, dans le Delta du Niger). La société civile a aussi recommandé à ces pays de promouvoir les alternatives durables en faveur des communautés locales, particulièrement les femmes et les jeunes, avant d’offrir les massifs forestiers comme solution pour stabiliser le climat de la planète ; de renforcer la gestion durable des ressources en eaux dans le Bassin du Congo, pour garantir les moyens de subsistance des communautés (parce que la majorité de la population vit en milieu rural et dépend de l’agriculture et de la pêche) ; et d’intégrer la femme rurale comme partie prenante de la Cop car elle paie le lourd tribut du changement climatique.

A l’intention des négociateurs africains à la Cop27, ces organisations ont relevé que l’Afrique doit définir ses priorités pour une transition énergétique responsable et respectueuse des droits humains et des communautés. Le continent africain, estiment-elles, doit être privilégié pour accéder aux fonds pour la promotion d’une  économie verte susceptible de lutter contre la pauvreté. « Si les Etats parties prenantes à la Cop et en particulier les gouvernements africains demeurent dans l’inaction et promeuvent toujours des fausses solutions, les COP ne serviront à rien! », ont noté ces organisations de la société civile des trois pays, parties prenantes à la pré-Cop alternative de la société civile.

Une réflexion profonde pour canaliser les aspirations

Ces organisations se sont notamment interrogées sur l’impact de la transition énergétique sur les pays africains et les communautés locales. « C’est pourquoi, nous faisons nôtres les enjeux ayant conduit à la nécessité de promouvoir cette transition énergétique », ont-elles dit. Il s’est agi ici d’opter pour le modèle énergétique favorisant la réduction des émissions de gaz à effet de serre ; d’aller vers les technologies durables de cuisson propre ; de mettre en œuvre la décentralisation énergétique ; et de diminuer la consommation (efficacité énergétique). Mais également d’augmenter la part des énergies renouvelables et réduire la part des énergies fossiles ; de réduire les inégalités et faire progresser l’indépendance énergétique ; de protéger la santé des populations ; de réduire les déchets ; et de sécuriser les systèmes énergétiques.

« Faute, pour nos gouvernements, de mettre en place des stratégies claires et de passer à l’action pour adresser ces enjeux de façon durable, nos pays resteront vulnérables aux effets divers dus aux changements climatiques et ne pourront pas disposer des capacités adéquates pour y faire face, avec des impacts déjà perceptibles tels que la persistance des fortes chaleurs, des pluies violentes, la dégradation des terres, particulièrement par des érosions, l’allongement de la saison sèche, l’augmentation des séquences de sécheresse pendant les saisons de pluie, et les inondations », ont fait savoir ces organisations.

A l’issue des travaux, elles ont, par ailleurs, salué la volonté du gouvernement congolais et des autres pays du Bassin du Congo de contribuer à la lutte contre le changement climatique et à la transition énergétique durable et propre. Elles ont, cependant, alerté : « Si nous n’y prenons garde, la planète brûle, et nous brûlerons avec elle si nous continuons de parler au lieu d’agir ». C’est pourquoi, elles ont conseillé de rester néanmoins préoccupés par les orientations concrètes que mettent en place les gouvernements, entre autres de la RDC, pour réaliser la vision "pays solution". « Et nous posons par la même occasion la question sur le contenu de cette vision, qui repose sur le discours », ont fait savoir ces structures qui rappellent que la RDC détient des massifs forestiers, des ressources en eau et des matières premières qui peuvent aider à résoudre le problème climatique.

Au regard de la résolution de Yangambi en ce qui concerne l’eau, la forêt et les énergies, la société civile ainsi réunie a invité les gouvernements des pays du Bassin du Congo, en particulier celui de la RDC, à ne pas s’obstiner dans la proposition des fausses solutions climatiques, en l’occurrence des grands barrages porteurs d’impacts négatifs sur l’environnement et des hydrocarbures sans respecter les préalables, notamment la réalisation des études, l’amélioration de la gouvernance, le respect des différents engagements et lois, le respect des consentements libres,...

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

La lecture des résolutions de la société civile

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