Premier congrès de la Société congolaise d’ORL: les participants souhaitent une collaboration pluridisciplinaire pour une meilleure prise en charge des pathologies

Vendredi 28 Février 2014 - 19:45

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Ce souhait constitue la principale recommandation faite par les experts au terme des travaux de ce premier congrès de la Société congolaise d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, qui s’est tenu du 21 au 22 février à Pointe-Noire sur « les pathologies naso-sunisiennes». Le colloque avait été organisé par l’hôpital général Adolphe-Sicé de cette ville

Le congrès visait à adopter une attitude consensuelle sur les pathologies naso-sinusiennes dans la pratique quotidienne. Son objectif principal est de contribuer à la lutte contre les infections naso-sinusiennes qui ne cessent de prendre de l’ampleur dans le monde, en Afrique et au Congo, et  de déterminer les moyens de prévention contre les cancers naso-sinusiens. Cent soixante personnes (communauté scientifique, médecins, paramédicaux, société civile…) y ont participé. Trente-six communications au total ont été faites, dont trois conférences animées par les membres du comité scientifique composé, entre autres, des professeurs Bertin Kouissi (président dudit comité) de la Côte d’Ivoire, de Wassi Adjibabi du Bénin et de Dieudonné Nyembué  de la République démocratique du Congo (RDC).

Les autres communications ont été réalisées par des spécialistes d’ORL, mais aussi des pédiatres, urologues, hématologues, radiologues infectiologues, cancérologues… 45% de ces communications ont concerné les pathologies naso-sinusiennes ; les autres ont porté sur les pathologies traumatique et tumorale. Ainsi les participants ont échangé sur les maladies comme la rhinite allergique, les tumeurs bénignes et malignes et sur les complications conduisant à des infections ou à des cancers.

Les secteurs spécifiques de soins ont été identifiés pour la prise en charge des pathologies sinusiennes afin de réveiller la conscience collective sur l’existence et la prévention des cancers naso-sinusiens et de voir comment réduire la mortalité liée à ces maladies. Plusieurs difficultés dans la prise en charge de celles-ci ont été évoquées parmi lesquelles : le manque de collaboration entre services ; l’insuffisance de ressources humaines ; le manque de performance, de compétence ainsi que de plateau technique pour la prise en charge des patients atteints de cancer ; le manque d’hygiène. Une collaboration interdisciplinaire et Sud-Sud ainsi qu’une répartition des compétences s’avèrent donc nécessaires pour une meilleure prise en charge et pour lutter contre ces pathologies. Les participants ont souhaité l’implication des gestionnaires d’hôpitaux pour remédier au manque de plateau technique et d’équipements.

La réduction du prix du scanner, une nécessité

Pour ce qui est des complications des pathologies pouvant conduire à des interventions chirurgicales, le consensus exige qu’avant d’opérer un patient au niveau du sinus et du nez, on fasse au préalable une radiologie, précisément un scanner. Malheureusement, au Congo, bon nombre de personnes se contentent d’une simple radio en raison des coûts du scanner, jugés trop élevés : 100 000 FCFA à Pointe-Noire et 60 000 FCFA alors à Brazzaville, tandis qu’en Afrique de l’Ouest, le prix s’élève à 40 000 FCFA. Les participants ont suggéré que soit fixé un prix unique, qui tienne compte du coût de la vie dans le pays. « Dans la pratique, les gens se contentent de la radiologie qui malheureusement ne permet pas d’avoir une lecture exacte de la maladie. L’examen approprié demeure le scanner. Il est mieux, de façon consensuelle, de procéder à l’harmonisation des tarifs de cet examen qui doivent être revus à la baisse », a estimé le docteur Sylvain Diembi du service ORL de l’hôpital général Adolphe-Sicé.

Par ailleurs, il a été évoqué la méthodologie et les besoins en matière de formation. Le pays possède peu de spécialistes ORL et les formations se font toujours hors du pays (en Europe ou dans certains pays d’Afrique, comme la Côte d’Ivoire, la RDC…), qui ne dispose actuellement que de dix spécialistes exerçant dans les villes de Pointe-Noire et de Brazzaville. Les autres localités sont délaissées. Mais selon le docteur Sylvain Diembi, on peut remédier à cette situation en attendant que d’autres soient formés si l’État met les moyens : « Si l’on peut mettre des moyens à notre disposition, nous pouvons effectuer des descentes ou des campagnes de dépistages dans les autres localités et même opérer des gens sur place. » La spécialité d’ORL a évolué, mais au niveau du Congo, on constate encore un vide dans certaines spécialités comme la chirurgie de la voix et la surdité.

Répondant aux préoccupations des participants, Sidonie Kinzonzi, directrice générale de l’hôpital général Adolphe-Sicé, présidente du comité d’organisation du congrès, a souligné dans son intervention à la cérémonie de clôture : « Nous osons croire qu’à présent, munis de meilleurs outils de prise en charge et tenant compte des résolutions et des recommandations formulées ici, les indicateurs de santé liés aux pathologies naso-sinusiennes seront désormais améliorés dans les établissements. Pour atteindre cet objectif, les gestionnaires des hôpitaux que nous sommes s’engagent ici à rendre disponibles tous les intrants nécessaires à la mise en œuvre de ces recommandations. »

Une vraie réussite pour le premier congrès de la Société congolaise d’ORL

Ce congrès intervient après la création de la Société congolaise d’ORL le 25 mai dernier à Brazzaville. L’initiative, qui répond à l’article 17 de cette organisation, a été très appréciée ainsi que la bonne organisation des activités : les communications et les contributions ont été jugées riches et pertinentes par le professeur Bertin Kouassi et les réponses appropriées. Il a aussi confié avoir été impressionné par le nombre de participants et la qualité des intervenants. « Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître », a-t-il dit. Soutenant son homologue, le professeur Dieudonné Nyembué a souligné : « Ce qu’on a appris est d’une importance capitale. Ceci est le début d’une collaboration entre le Congo et la RDC en matière d’ORL car nous avons tous les mêmes problèmes. » Le professeur Wassi Adjibadi a quant à lui indiqué : « L’effort de combler le vide en personnel et équipement est notre challenge en Afrique. »

Les participants ont souhaité l’organisation d’autres activités de ce genre pour leur permettre d’être mieux outillés, comme l’a signifié Henri Léonard Atanda, président de la Société médicale du Kouilou, représentant le directeur départemental de la Santé de Pointe-Noire. Clôturant les travaux du congrès, il a indiqué : « Les congrès, les ateliers, sont des piliers indispensables pour pérenniser les bonnes pratiques professionnelles et en médecine, un canevas surtout pour les améliorer. Les ORL du pays l’on comprit, 7  mois après la création de la société congolaise d’ORL, ils se sont retrouvés ici. »

Ce congrès, a souligné Sidonie Kinzonzi, a permis de jeter les bases de la grande société savante que sera demain la Société congolaise d’ORL, j’en suis certaine, qui s’impliquera avec détermination dans le développement scientifique de la spécialité et contribuera à la pérennisation de ce congrès en tant que manifestation scientifique incontournable.

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Une vu des participants au congrès. Photo 2 : Le présidium lors de la cérémonie d'ouverture du congrès. (© DR)