Présidentielle 2026: Mathias Dzon se prépare-t-il à postuler?

Mercredi 18 Juin 2025 - 17:45

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Notre rédaction a reçu du courrier émanant du président de l’Alliance pour la République et de la démocratie (ARD). Nous en rendons compte.

Deux fois candidat malheureux au scrutin majeur, l’ex-ministre des Finances (1997-2002) et président de l’ARD est un acteur connu de la scène politique congolaise. À ce titre, individuellement ou en lien avec ses partenaires de l’Opposition, il commente régulièrement l’actualité nationale et internationale.

À dix mois de la prochaine élection présidentielle, le leader de l’ARD semble partagé entre la volonté d’y représenter son parti et de ne pas s’engager, réitérant ses revendications sur la refonte de l’ensemble du processus électoral. Dans ce cadre, il diffuse depuis quelque temps des tribunes dans lesquelles sont exposées les principales idées qui sous-tendent sa démarche politique.

Par courrier en date du 13 juin dernier, Mathias Dzon nous a transmis, « pour information », quatre documents rédigés au mois de mai, portant respectivement sur « la refondation du système électoral ; l’instauration d’un État de droit ; la restauration de la forme républicaine de l’État et des valeurs de la République et de la démocratie ; le réajustement des règles régissant la création, le fonctionnement et le financement des partis politiques ».

Comportant chacune en moyenne six pages, les « Tribunes » du président de l’ARD font office d’une sorte de « projet de société » d’un acteur désireux de briguer la fonction suprême. Rien de surprenant dans la mesure où il a concouru au scrutin présidentiel par le passé. Tandis qu’ils alignent des propositions visant, si l’on observe bien, l’amélioration de la gouvernance publique, ces textes contiennent des formulations pour certaines aux antipodes de la volonté exprimée de construire un consensus autour des enjeux fondamentaux de conciliation.

Des propositions…

Évoquant la refondation du système électoral qu’il qualifie de « frauduleux » depuis 2022, le président de l’ARD note que les taux de cautionnement aux différents scrutins sont trop élevés. Il suggère, s’agissant des candidatures à l’élection présidentielle, que les frais soient ramenés à 5 millions FCFA au lieu de 25 millions comme c’était le cas en 2021 ; que le plafonnement des dépenses des candidats soit fixé à 500 millions FCFA. Il veut voir abandonné le vote anticipé des éléments de la Force publique mais souhaite que le droit de vote des électeurs congolais vivant à l’étranger soit reconnu. Pour rappel, ce droit avait été retiré aux Congolais de la diaspora à l’issue des assises de la Conférence nationale souveraine de 1991.

La tribune du président de l’ARD sur l’instauration d’un « véritable » État de droit est dans une certaine mesure la copie anticipée du projet de société de son signataire. Mathias Dzon médite sur une République caractérisée par « la garantie effective des libertés fondamentales et des droits, la transparence, l’obligation de rendre compte, l’intégrité morale des décideurs politiques ». La suivante relative à la restauration de la forme républicaine de l’État et des valeurs de la République et la démocratie est la suite logique de la précédente.

Enfin, le quatrième exposé du dirigeant de l’ARD sur les partis politiques enfonce les portes ouvertes, en ce qu’il exècre (discours entendu des leaders politiques depuis toujours) le caractère ethnocentriste de ces organisations. Dans l’énumération des « ethno-partis », il ne semble pas reprendre à son compte le fameux dicton « charité bien ordonnée… ». Pour étayer son propos, Mathias Dzon suggère la réduction des partis politiques à cinq au maximum, qui fonctionneraient sur des bases idéologiques : « Droite libérale, centre, social-démocratie, écologie, gauche libérale ». Des conditions essentielles, plaide-t-il, pour « dépasser les clivages ethno-régionalistes qui retardent la marche vers la construction de la nation congolaise ».

… et un changement de ton

Aux propositions dont nous venons brièvement de parler, le président de l’ARD y ajoute une touche particulière qui laisse entendre qu’en toute chose, il faut considérer la fin. On peut retenir à la lecture des quatre tribunes la projection contenue dans l’une d’elles, la première en l’occurrence, où il est écrit : « L’exécution scrupuleuse de l’ensemble de ces mesures constitue un préalable à toute élection nationale ».

Et si tel n’est pas le cas, insiste-t-il, « les forces politiques, les groupements associatifs et les personnalités politiques indépendantes de l’intérieur et de la diaspora seront invités à prendre part, d’ici à fin juillet 2025, à un dialogue politique alternatif et souverain pour élaborer de façon consensuelle les conditions permissives d’une vraie élection présidentielle ».

Plus l’on avance vers l’échéance électorale de mars prochain, plus les partis politiques et leurs dirigeants s’organisent et s’expriment. Le fondamental serait que le climat de quiétude dans le pays soit préservé et que la lutte pour la magistrature suprême épargne la population des violences politiques répétitives desquelles, très souvent, elle sort perdante.

Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

Photo. Mathias Dzon, président de l'ARD

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