Processus électoral : la Céni devant un feu rouge

Jeudi 17 Décembre 2015 - 16:00

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L’actualisation du fichier électoral et le financement des élections sont les deux préalables majeurs de la Céni avant de publier un nouveau calendrier électoral.

Depuis l‘arrêt de la Cour constitutionnelle l’enjoignant d’évaluer en toute indépendance tout le processus électoral conduisant aux élections prévues dans son calendrier global du 12 février 2015, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) s’attelle bon gré mal gré à cet exercice. Le nouveau comité mis en place avec Corneille Nangaa à sa tête n’est pas encore sorti de l’auberge dans son inventaire de l‘ensemble du processus électoral actuellement grippé. En attendant que le Dialogue national en cours ne puisse lui donner des orientations précises quant à la manière de gérer le processus électoral à travers les solutions consensuelles qui en découleront, la Céni paraît visiblement dépassée.

L’embarras du président Corneille Nangaa était d’ailleurs perceptible lors du point de presse qu’il a tenu le 16 décembre quant à la publication d’un nouveau calendrier réaménagé, les trois premiers étant devenus anachroniques. Non seulement qu’ils sont tombés caducs mais en plus n’ont connu la moindre exécution. Ce dont s’est plaint Corneille Nangaa tout en confirmant la volonté de son institution à publier malgré tout un nouveau chronogramme, quitte à le faire avaliser par les participants au prochain dialogue. Mais les choses ne sont pas aussi simples que cela. Deux contraintes majeures plombent, en effet, la publication dudit calendrier électoral. Il s’agit des questions liées à l’enrôlement de nouveaux majeurs et au financement des scrutins. Concernant le premier volet, le caractère impératif d’intégrer les nouveaux majeurs dans le fichier électoral passe pour une évidence. La crédibilité du fichier électoral, et même des prochains scrutins, est à ce prix.

Dans son rapport publié en novembre dernier, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a martelé sur l’incontournabilité de l’enrôlement des nouveaux majeurs. La grosse faiblesse de ce fichier, à en croire l’OIF, est qu’il n’inclut pas les quelque 8,5 millions de jeunes ayant passé la barre de 18 ans depuis 2011 et n’a pas exclu  1,6 million de personnes décédées depuis. Tout en reconnaissant la nécessité d’enrôler les nouveaux majeurs, Corneille Nangaa a laissé entendre que son institution n’était pas capable d’extirper les morts du fichier électoral. Ce qui, en clair, veut dire qu’il est impossible d’aller aux élections avec un tel fichier biaisé et présentant de graves lacunes. D’où la nécessité de sa refonte totale. Un travail qui risque de tirer en longueur alors que l’échéance électorale de 2016 avance à grand pas.

À côté de cette question du fichier électoral à revoir, la centrale électorale bute également à la question du financement des scrutins. « La Céni doit avoir un éclairage net sur la question de financement des opérations électorales avant de publier un nouveau calendrier », a martelé Corneille Nangaa. La contrainte budgétaire à laquelle fait actuellement face la Céni pour organiser les élections ne rassure pas sur la suite des évènements. Près de 580 millions de dollars (soit 6,4% du budget) prévus dans le budget 2016 dont 40,7 millions de dollars venant des partenaires, tel est le montant que le gouvernement prévoit d’allouer à la consultation populaire en 2016 - sans préciser toutefois quelles élections seraient financées avec cet argent - alors que la Céni a sollicité plus d’un milliard de dollars pour tenir l’ensemble des scrutins.

Alain Diasso

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