Produits pétroliers : Kinshasa examine des réajustements des prix

Samedi 17 Janvier 2015 - 11:20

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Lors de la réunion de la Troïka stratégique, en début de week-end, le ministère de l’Économie a présenté un certain nombre de scénarii au regard de l’évolution du contexte international. 

Depuis un certain temps, une rumeur persistante circulait déjà dans les milieux pétroliers de la capitale annonçant un possible nouvel ajustement à la hausse des prix, à l’inverse des tendances enregistrées depuis le dernier trimestre de l’année 2014. Une situation paradoxale, selon les consommateurs impuissants car ils devront payer plus au moment où les prix affichent une baisse continue. À la dernière réunion de la Troïka, rien de tel n’a été décidé, du moins pour l'instant. « Tout en accédant à la proposition Camion citerne de Sep Congofaite, la Troïka stratégique a exhorté au ministère de l’Économie à la prudence tenant compte des facteurs conjoncturels à la baisse des prix observés au niveau mondial », peut-on lire sur le communiqué final sanctionnant la réunion. Le principe d’un réajustement est acquis moyennant "prudence". Cependant, dans le document, il n’y a aucune référence à ces scénarii en discussion ou même la direction que pourrait prendre cette nouvelle révision des prix. Cependant, l’on doute qu’un appel à la « prudence » puisse se justifier si le ministère de l’Économie suivait la tendance réelle du marché mondial en revoyant à la baisse les prix.

Toutefois, l’analyse du gouvernement va plus loin, en intégrant une réflexion de la Banque mondiale (BM) plutôt optimiste. La rédaction a d’ailleurs, en son temps, fait un large écho du document intitulé « La chute des cours de pétrole qui rassure les pays en développement importateurs ». En substance, selon l’institution financière internationale, il n’y a pas de panique car « les pays en développement importateurs pourraient bien tirer des avantages substantiels de la baisse des cours de pétrole si cette tendance devrait s’accompagner d’une accélération de la croissance mondiale ». Rebondissant sur cette perspective économique, la BM s’est mieux expliquée. « La baisse du prix du pétrole entraînera d’importants rééquilibrages des revenus réels des pays en développement exportateurs et importateurs du pétrole. Ces faibles prix permettent, aux exportateurs comme aux importateurs, d’entreprendre des réformes susceptibles d’accroître les ressources budgétaires et favoriser l’atteinte dePlate-forme Perenco vastes objectifs environnementaux ».

Plus concrètement, pour un pays comme l’Inde, avec son économie à revenu intermédiaire, cette baisse du pétrole devrait booster sa croissance à 6,4% en 2015, contre 5,6% en 2014 et 7% projetés entre 2016 et 2017. L’on observera une baisse de l’inflation dans les pays comme le Brésil, l’Indonésie, l’Afrique du Sud et la Turquie. Mais, a poursuivi la BM, il y aura un ralentissement dans les pays exportateurs comme la Russie. Cette dernière ralentira de 2,9% avant de retrouver une croissance positive en 2016, estimée à 0,1%.  Par contre, pour les pays à faible revenu, une autre donne importante s’est ajoutée en 2014. « L’activité économique s’est renforcée en 2014 avec l’augmentation des investissements privés publics, la forte croissance des secteurs tertiaires, d’abondantes récoltes et d’importants apports de capitaux ».

Graphique PIBLa suite de l’analyse est plutôt interpellatrice pour la RDC : « cette activité ralentira dans les pays qui exportent les produits de base en raison de la modération des prix et de ces produits ». Toute la question est celle de savoir si la double casquette de la RDC en tant que pays importateur et exportateur n’aura pas une incidence sur son activité économique. Au-delà, l’on ne peut que s’inquiéter de cette baisse dans la durée car il est inutile de rappeler que l’économie congolaise est tirée par les matières premières, et justement le pétrole y occupe une place prépondérante. Comme l’explique la BM, "la croissance économique de la RDC a atteint 7,4% en moyenne par an au cours des dernières années, et le secteur des industries extractives serait responsable d’au moins 20% de cette croissance ». Mieux, les recettes du secteur extractif (mines et pétrole) auraient atteint 48% des recettes totales en 2011 dont près de 30% du total provenant du secteur pétrolier alors que la production reste stagnante depuis plusieurs décennies. Fort heureusement, l’on enregistre aussi en RDC une montée fulgurante d’autres secteurs, notamment l’agriculture et les secteurs manufacturiers et tertiaires. Aussi le gouvernement devrait-il continuer à y affecter les investissements nécessaires.

 

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Un camion de distribution des produits pétroliers à Kinshasa Photo 2 : La plate-forme pétrolière de Perenco à Moanda (Bas-Congo) Photo 3 : Composition du PIB de la RDC (Banque mondiale)