Relations internationales : les défis posés par la Chine et la Russie préoccupent l’OTAN

Mardi 29 Juin 2021 - 13:45

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Après la guerre froide ayant opposé par le passé Américains et Russes, la bipolarisation du monde revient inexorablement du fait des ambitions affichées ces dernières années par la Chine et la Russie. Estimant que « cette menace grandissante » représentée par le renforcement militaire entrepris par les deux pays aura des conséquences néfastes sur la planète, les alliés appellent leurs membres à serrer les rangs face au front Pékin-Moscou, qui rejette la responsabilité du danger sur l’Occident.

Les dirigeants de l’alliance de défense entre l’Europe et l’Amérique du Nord ne cachent pas leur préoccupation face au « renforcement du dispositif militaire de la Russie et par ses activités provocatrices, notamment à proximité des frontières de l’OTAN ». « Tant que la Russie ne montre pas qu’elle respecte le droit international et qu’elle honore ses obligations et responsabilités internationales, il ne peut y avoir de retour à la normale », avertissent les alliés, qui ont lancé la révision du concept stratégique de l’Alliance adopté en 2010 pour la préparer à faire face aux nouvelles menaces dans l’espace et le cyberespace. C’était lors de leur dernier sommet tenu à Bruxelles.

Tout comme Moscou, Pékin est pointé du doigt par les Occidentaux comme cela a été le cas au cours des récentes rencontres internationales, dont le dernier Conseil de l’Arctique et le sommet Biden-Poutine. « Les ambitions déclarées de la Chine et son comportement affirmé représentent des défis systémiques pour l’ordre international fondé sur des règles et dans des domaines revêtant de l’importance pour la sécurité de l’Alliance », affirment les dirigeants de l’OTAN qui se disent « préoccupés » par les « politiques coercitives » de l’empire du Milieu.

Le président américain, Joe Biden, se félicite de ce que l’OTAN est restée « solide » malgré le fait que la Chine et la Russie cherchent à la « diviser ». « L’OTAN est unie et les Etats-Unis sont de retour », s’en est-il réjoui après sa tournée européenne qui lui a permis de signifier les lignes rouges de l’Alliance à son homologue russe. Le locataire de la Maison-Blanche insiste sur la nécessité pour les alliés d’affronter ensemble les « nouveaux défis » posés par ces pays. « Il y a une prise de conscience croissante, ces deux dernières années, que nous avons de nouveaux défis. Nous avons la Russie qui n’agit pas d’une manière conforme à ce que nous avions espéré. Et aussi la Chine », estime-t-il, en plaidant pour « la nécessité d’une plus grande coordination » entre les membres de l’alliance.

La perspective d’une nouvelle guerre froide est écartée

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, affirme quant à lui, ne pas soutenir la perspective d’une « nouvelle guerre froide » avec la Chine et la Russie, mais plaide pour une adaptation de l’Alliance face aux nombreux défis posés par les dirigeants chinois et russes. Evoquant le cas de la Chine, le chef de l’OTAN fait un constat regrettable : « Nous constatons une montée en puissance importante de la Chine. Elle investit dans des capacités nucléaires et des armes de pointe… ». « La Chine, poursuit Jens Stoltenberg, se rapproche de nous, dans le cyberespace, en Afrique, dans l’Arctique. Elle investit en Europe pour prendre le contrôle d’infrastructures stratégiques ».

Répondant aux préoccupations des Occidentaux, Moscou relève qu’il n’y pas de raison qu’un conflit naisse entre les deux parties, notamment dans l’Arctique - vaste territoire devenu de plus en plus un enjeu géopolitique attisant les convoitises - qui doit selon lui, rester à l’écart de la militarisation. Il met, toutefois, en garde les alliés contre tout renforcement de leur présence militaire aux portes du territoire russe. Le Kremlin a réagi de la sorte au moment où les deux camps ont multiplié ces derniers mois les manœuvres militaires dans l’Arctique, les Etats-Unis envoyant des bombardiers en Norvège via l’Alliance atlantique tandis que la Russie y a effectué d’importants exercices maritimes et aériens. La mise en garde des Occidentaux intervient aussi au moment où la Russie et la Chine viennent de prolonger de cinq ans un traité d'amitié en vigueur depuis 2001, vantant le « rôle stabilisateur » de leur collaboration face « aux turbulences mondiales ».

C’est dans ce climat quelque peu tendu, que le président russe a validé la dénonciation du traité de surveillance militaire russo-occidental « Ciel ouvert » (Open Sky), dénoncé par la Russie, l’année dernière, dans la foulée des Etats-Unis. L’ex-président américain, Donald Trump, avait retiré son pays de ce traité qui donnait le droit d’effectuer des vols d’observation des activités militaires des Etats membres, accusant Moscou de le violer. Son successeur a validé cette décision fin mai.

De son côté, Pékin accuse l’OTAN d’exagérer « la théorie de la menace chinoise ». Dans un communiqué, l’ambassade de Chine auprès de l’UE reproche à l’alliance de faire preuve d’une « mentalité de guerre froide » et de chercher à « créer artificiellement des confrontations ». La représentation diplomatique chinoise juge que l’expression « défi systémique » attribuée à Pékin n’est rien d’autre qu’une « calomnie » contre « l’évolution pacifique » de la Chine, qui disposerait de 20 fois moins de têtes nucléaires que les membres de l’OTAN.

 

 

Nestor N'Gampoula

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