Revendications salariales : les agents du CNLS risquent de déblayer

Mardi 24 Novembre 2015 - 17:15

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Le malaise persiste au Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS), structure mise en place par l’Etat pour assurer la coordination de la riposte contre la maladie, où les agents sont sans salaire depuis  bientôt 20 mois. A l’orée de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, le 1er décembre prochain, on y mijoterait un concert de casseroles et une marche pacifique.

C’est le désespoir. Le CNLS a été forcé depuis bientôt deux ans d’observer un calme inhabituel. Les couloirs des bureaux sont vides de visiteurs et les agents viennent en dent de scie. Difficile de se payer le transport, en effet, lorsque pendant 19 mois aucun salaire n’a été versé.

Personne pourtant ne répond effectivement à la question de savoir pourquoi ce long désagrément pour une structure dont le fonctionnement est supporté par le budget de l’Etat avec l’appui du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Ce qui est sûr, les maux ont commencé, raconte-t-on, à la suite d'un différend né entre le CNLS et le ministère de la Santé  autour d’un bras de fer sur l’achat des antirétroviraux et sur les contrariétés d’une ligne budgétaire affectée au CNLS par le ministère de la Santé qui exigeait, désormais, que lumière soit faite sur le statut des salariés du Secrétariat exécutif permanent (Sep) de cette structure.

Tout compte fait, cela fera exactement 20 mois en décembre que les agents n’ont pas touché à un seul salaire, leur droit le plus absolu. Selon nos sources, des démarches vers la Présidence de la République ont été effectuées, mais aucune solution viable n’a encore été trouvée.

Le 1er décembre 2015, alors que la communauté nationale de lutte contre le VIH/Sida espère, comme à l’accoutumé, des manifestations en faveur de la riposte contre la maladie, les agents du CNLS risqueront de descendre dans la rue pour manifester leur mécontentement.

Une situation qui freine les efforts de lutte contre le Vih/sida

Sur le terrain, depuis des mois en effet, les activités de prévention ont disparu. Les associations affectées à la tâche grâce au partenariat avec le Sep/CNLS n’ont plus tenu des opérations de prévention par manque de financement.

Des experts craignent ainsi une montée de l’épidémie et de la séroprévalence de la maladie qui se situe à 3,2% selon les données publiées en 2009 suite à l’enquête sur les indicateurs du Sida (ESIS). Après cinq ans, selon les textes, une autre enquête du genre devrait être effectuée mais rien n’a été fait. L’absence de financement explique tout, à en croire un spécialiste du CNLS.

Les personnes vivant avec le Vih  ne sont pas restées bouches fermeés devant la triste situation. Déjà affectées par les ruptures intempestives de certaines molécules d’antirétroviraux, elles dénoncent une « anomalie grave » aux multiples conséquences.

Ces malades du Sida signalent par ailleurs un manque de réactifs pour le suivi biologique tel que prévu dans le dispositif de soins et de prise en charge. De même, depuis plus d’un an, les PVVIH ne font presque pas d’examen de comptage de la charge virale destiné à mesurer la quantité du virus dans le sang. Dans les hôpitaux et cliniques, il est également signalé l’absence, depuis plus d’une année, d’un examen nommé test PCR que l’on fait sur des nouveaux nés afin de savoir s’ils sont séropositifs ou séronégatifs.

« De 2011 à ce jour, nous sommes en train d’assister à un délabrement progressif du dispositif mis en place avec l’effort de tous et personne ne peut imaginer les lourdes conséquences que le pays court », faisait remarquer il y a plusieurs mois déjà Thierry Maba, vice-président de l’Association des jeunes positifs du Congo (AJPC).

 

 

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Une vue du siège du Conseil national de Luttre contre le Sida

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