Revenu agricole : Moubié Victorine n’envie pas un fonctionnaire

Vendredi 30 Avril 2021 - 12:32

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Première vice-présidente de l’Union locale dans le district de Ngabé et première vice-présidente au niveau départemental, Moubié Victorine, 65 ans, de nature imposante, à la voix grave et à la poigne de main ferme, est une passionnée de la terre et bien sûr de la vie. En bottes dans ses champs en semaine, et en escarpins le week-end, Victorine est fière d’être agricultrice et le scande à qui veut l’entendre.

« Plus jeune, je croyais que le leader était un homme ou une femme qui avait fait de longues études. Mais quand j’ai vu une femme s’occuper des porcins dans mon village, cela a attisé ma curiosité et celle des autres femmes, alors j’ai compris qu’elle était ‘une’ leader puisque beaucoup de femmes ont commencé l’élevage des cochons au vu de sa bravoure, son engouement et sa passion pour son métier », a-t-elle témoigné.  

A Evoumba, village agricole ou elle évolue, Victorine est connue pour sa détermination et son entêtement. Elle ne courbe pas l’échine devant les obstacles qui s’opposent à elle. « Après les hauts et les bas que j’ai connus, j’ai tiré des leçons et j’ai décidé d’avancer. Avec mon premier groupement, on a eu une aide de 5 millions du  PDRP, et par malheur cela nous a créé des problèmes car les membres n’avaient pas l’esprit de groupement. On a ensuite reçu l’aide du PRODER qui nous a doté de 30 coqs mais six mois après, ils ont arrêté de nous fournir en aliments de bétail et cela nous a obligés à tous vendre », a fait savoir cette dernière qui s’est totalement investit dans la culture du manioc à l’heure actuelle.

« Le commencement est toujours difficile, une fois qu’on se lance, on ne peut plus s’arrêter. Lorsqu’on plante 10 hectares de plants de manioc par exemple, on peut obtenir 5 millions de FCFA lors de la récolte, idem pour certaines cultures vivrières comme le maïs », a indiqué Victorine qui encourage les femmes désœuvrées à se lancer dans cette activité.

Si le parcours de Victorine a parfois été difficile par rapport aux obstacles rencontrés, (difficultés liées aux fonds, à l’accès aux terres, longues distances à parcourir, pénibilité physique, temps de travail important, travailleurs qu’il faut payer), ils ne valent rien par rapport à ce que la sexagénaire récolte « On dépense environ 190 mille FCFA par hectare pour le dessouchement, le propriétaire foncier, le cerclage… Mais, à la vente, on peut avoir autour de 500 mille FCFA », a fait savoir cette dernière qui ajoute de façon ironique : « Je n’ai rien à envier à un fonctionnaire, car lorsque je vends mes produits, je me retrouve et peux prendre soin des miens ».

Cette réussite n’est pas un hasard, c’est le fruit des efforts et des formations qu’elle a reçues. « C’est vrai que GESCOD nous a apporté un plus dans la formation sur la gestion de nos exploitations, mais j’ai parfait mon savoir-faire bien avant avec les chefs de secteurs agricoles qui nous enseignaient, orientaient et conseillaient. Les séminaires et les notions élémentaires parce qu’on faisait l’agriculture traditionnelle », a expliqué Victorine qui a remarqué que le métier d’agriculteur a beaucoup évolué et que les femmes avaient leur place dans ce paysage, considéré à tort comme un milieu d’hommes.

Par ailleurs, l’agricultrice invite les autorités locales à aider les femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure agricole. « L’état devrait aider les femmes dans la dotation des boutures, la location des terrains, l’achat du matériel, car l’agriculture traditionnelle nécessite beaucoup d’efforts physiques », a-t-elle estimé.

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Photo: Moubié Victorine

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