Révision de la Constitution : malaise au sein de l’opposition

Jeudi 25 Septembre 2014 - 19:15

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Des leaders de l’opposition congolaise n’émettent plus sur la même longueur d’ondes depuis la manifestation avortée du 13 septembre à Kinshasa.

La marche pacifique prévue pour le 27 septembre par l’opposition pour protester contre la révision constitutionnelle aura-t-elle lieu ? Nombreux affichent déjà leur scepticisme au regard des querelles intestines qui ressurgissent au sein de cette plate-forme. Les leaders de l’opposition tanguent désormais entre intérêts divergents et contradictoires plutôt que de rechercher l’unité autour de laquelle devrait se cristalliser leur combat face à la majorité présidentielle. L’absence de leadership se fait cruellement sentir. Chacun tente pour ainsi dire de tirer la couverture de son côté. Vital Kamerhe de l’Union pour la Nation congolaise (UNC) tente de combler à sa manière le vide laissé par Étienne Tshisekedi en convalescence à Bruxelles.

Coorganisateur de la marche annulée du 13 septembre, l’opposant dont l’aura semble gêner certains de ses pairs s’est mis aux premières loges dans cette dynamique contestataire en prenant des initiatives là où les autres font montre d’immobilisme. L’effervescence qui caractérise l’ancien directeur de campagne de Joseph Kabila et ex-patron du PPRD ne paraît pas être du goût d’une poigné des leaders de l’opposition au nombre desquels Martin Fayulu de l’Ecidé. Ce dernier ne rate plus une seule occasion pour tirer à boulets  rouges sur son partenaire politique dont il dénonce des velléités de récupération des manifestations de la plate-forme.

Langage des sourds

L’une des raisons de la marche annulée du 13 septembre serait à trouver dans les appréhensions que susciterait de plus en plus la personne de Vital Kamerhe. Ce dernier est, en effet, accusé par ses pairs de vouloir instrumentaliser ladite marche avec un arrière-fond de campagne électoral précoce qui ne dit pas son nom. Au final, l’UNC, l’UDPS ainsi qu’une poignée des partis sans réelle base sociologique se sont retrouvés seuls aux commandes de cette marche, le gros des troupes constitué des FAC, de l’Udémo et de la société civile ayant pris l’option de ne pas y participer. L’autorité urbaine leur ayant donné un bon alibi en soutenant la difficulté à encadrer deux manifestations similaires prévues le même jour, allusion faite à la marche contre la révision constitutionnelle prévue par le Front populaire de Pierre Lisanga Bonganga, Martin Fayulu et compagnie qui ont alors appelé à l’annulation de ladite marche.

Une attitude que les partisans de Vital Kamerhe ont vivement dénoncé estimant qu’il faisait le jeu du pouvoir.  « Comment lui qui se veut opposant peut-il demander aux gens de ne pas marcher ? », s’est interrogé un cadre de l’UDPS. En tout état de cause, la division entre Martin Fayulu et Vital Kamerhe qui, hier encore pilotaient à l’unisson la dynamique anti-révision constitutionnelle, est plus que jamais consommée. En témoigne le refus catégorique du coordonnateur des FAC et ses amis de participer à la marche projetée pour le 27 septembre et qui risque de faire flop au regard des dissensions en cours. 

Des sons discordants

En somme, l’opposition peine à parler un même langage concernant les stratégies à mettre en place pour contrer la révision de la Constitution. Au Parlement, le boycott décrété par les quatre groupes parlementaires (UDPS et alliés, l’UNC et alliés, les Libéraux démocrates et le MLC) sur tout débat portant sur la révision de la Constitution et sur la gestion de la centrale électorale ne fait pas l’unanimité. Il en est de même de la décision visant le retrait des représentants de l’opposition au Bureau de la Céni.

La cacophonie est manifeste. Les leaders des partis de l’opposition n’ont plus d’ascendant sur leurs membres devenus un peu plus indépendants. La donne est en train de changer au sein de cette plate-forme sur fond de recomposition des cartes, des alliances. Ce qui fait l’affaire de la majorité présidentielle. Ramollis politiquement, désargentés et en mal de repositionnement, beaucoup d’opposants se retrouvent ainsi à la merci d’une majorité rompue à la technique de débauchage et toujours prête à appâter les esprits faibles. Évoluant en ordre dispersé avec divers regroupements sans réelle coordination, ni projet de société commun, l’opposition fait vraisemblablement le lit de sa propre décadence. Elle n’a pas su tirer les enseignements des scrutins passés.         

 

 

   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Vital Kamerhe