Santé : des ongles brillants, mais pas sans danger

Samedi 6 Mai 2023 - 13:45

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L'utilisation des lampes chauffantes pour les vernis à ongle semi-permanents, une tendance esthétique populaire depuis une décennie, est mise en garde par l'Académie nationale de médecine (ANM), en France, en raison de ses potentiels risques de cancer de la peau.

Aujourd’hui, parmi les attraits les plus importants de l'onglerie, se trouve le vernis semi-permanent qui a l'avantage sur les vernis classiques d'avoir une durée de pause entre deux et trois semaines. Son application nécessite, cependant, l'usage d'une lampe combinant UV, au moins 48 watts, et diode électroluminescente (LED) pour sécher et fixer chacune des quatre couches de vernis appliquées. 

Selon le communiqué de l’ANM, les rayons UVA émis par ces lampes chauffantes lors de la pose du vernis peuvent endommager l'ADN des cellules cutanées en produisant des radicaux libres. Ce qui entraîne ainsi des mutations pouvant conduire à la formation de cancers dans les cellules. Et, ce n’est pas une première alerte scientifique à ce sujet. 

« Ces lampes émettent des rayons UV de type A (UVA), qui pénètrent profondément dans la peau et favorisent le vieillissement mais surtout le développement de cancers de la peau. Le Centre international de recherche sur le cancer a classé les UVA comme cancérogène du groupe 1 », explique l’ANM. 

Pour l'année 2022, précise l’organe scientifique français, une synthèse des effets secondaires induits par les vernis semi-permanents en recensait trois types, tous chez des femmes. Des réactions cutanées allergiques (66 cas, 70,5 %), des atteintes mécaniques des ongles (23 cas, 26,1 %) et trois cas de cancers cutanés à type de carcinome épidermoïde induit (3,4 %).

Selon l’ANM, dans le cadre de l'usage des vernis à ongle semi-permanents, le risque semble avant tout lié à trois facteurs : l'âge jeune de début d'utilisation, en moyenne 20 ans ; la fréquence rapprochée des expositions, moyenne de cinq à six fois par an, voire plus avec le développement des services personnels ou à domicile ; et enfin, l'exposition durant plusieurs années. « L'effet cumulatif des expositions aux UVA représente le risque majeur. Il peut être aggravé par des caractéristiques comme le fait d’avoir la peau claire, l’immunodépression, etc », a-t-elle déclaré.

Ainsi, loin d’interdire le recours à la pose de vernis demi-permanent, l'ANM recommande d'appliquer une crème solaire avec une protection UVA indiquée, environ vingt minutes avant l'exposition des mains aux lampes UV/LED. Elle préconise également d'établir un recensement du nombre d'appareils UV/LED vendus chaque année, afin de pouvoir estimer l'évolution du marché et de joindre obligatoirement à chaque lampe achetée un message écrit d'alerte et de recommandations. 

Par ailleurs, l’ANM appelle à développer des campagnes d'information pour le grand public et les professionnels concernés, soulignant le risque lié à une application continue des vernis semi-permanents dans l'année, en particulier chez les personnes de phototype clair. Ce, tout en continuant de réaliser des études épidémiologiques permettant d'évaluer le risque de carcinome cutané induit par la répétition fréquente de ce type d'irradiations sur une longue durée.

Notons qu’en dix ans, le secteur de l'onglerie a connu un essor très important. Son marché enregistre une croissance en valeur de 9,5 % et devrait atteindre, en 2024, une valeur de 13 milliards d'euros. L’âge des cibles les plus actives varie entre 17 et 90 ans.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

Une séance de pose de vernis semi-permanent/DR

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