Santé publique : comment éviter le cancer du col de l'utérus ?

Samedi 27 Juillet 2013 - 8:45

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Le cancer du col de l’utérus est un problème de santé publique qui touche les femmes du monde entier et notamment d'Afrique subsaharienne.  C’est ce qui a mobilisé de nombreuses premières dames, dont Antoinette Sassou N’Guesso, à la septième conférence du cancer du col de l’utérus les 22 et 23 juillet à Maputo, la capitale mozambicaine. Comment se développe le cancer ? Comment l’éviter ? Explications

HPV (human papilloma virus), c’est le nom du virus à l’origine du cancer du col de l’utérus qui chaque année ravage la vie d’environ 500 000 femmes dans le monde. Selon l’OMS, ce cancer est le plus courant chez les femmes africaines. Au Congo, les rapports annuels du registre des cancers de Brazzaville indiquent que les deux premiers cancers féminins sont ceux du sein et du col de l’utérus, et Gérard Ibara, registraire du CHUB, a fait savoir que le cancer du col de l’utérus touchait 25 à 30% des femmes atteintes d’un cancer. Une situation déplorable qui pourrait être évitée avec plus de prévention, plus de dépistage et plus de vaccination.

Consulter un médecin régulièrement

La majorité des femmes africaines ne voient un médecin que lorsqu’elles sont malades, et, comme nous le précise le docteur Jacques Silou, biologiste de la reproduction à la clinique mère-enfant de Brazzaville, nombreuses sont celles qui ne connaissent pas la gravité de la maladie : « Il y a un problème d’information sur la réalité du cancer. Les femmes congolaises ne savent pas que le cancer du col de l’utérus est répandu. Spontanément, elles ne pensent pas à consulter, souvent par manque de moyens, ou elles préfèrent s’adresser à des sages-femmes qui ne savent pas forcément utiliser le spéculum, or il faut être capable de voir les lésions. » C’est ainsi que la maladie se développe auprès de milliers de femmes qui ne savent pas qu’elles sont porteuses du virus ou qui l’apprennent à un état avancé de la maladie. Fort heureusement, les campagnes de sensibilisation et de dépistage se multiplient à Brazzaville, notamment au CHU, et des initiatives en matière de vaccination ont également vu le jour. Ce fut le cas en avril où pour la première fois au Congo, 5 000 enfants âgées de neuf à treize ans ont été vaccinées.

En effet, le dépistage du virus ainsi que la vaccination sont les deux outils aujourd’hui à la disposition du corps médical pour prendre en charge rapidement la maladie et éviter qu’elle ne se propage. Notons que c’est dans un rapport publié en 2009 que l'OMS avait recommandé qu'une vaccination systématique contre l'HPV soit incluse dans les programmes nationaux de vaccination pour aider à prévenir le cancer du col de l'utérus.

Les facteurs de risque

Selon le docteur Danatien Moukassa, directeur des affaires médicales à l'hôpital général de Loandjili (Pointe-Noire), qui a réalisé une étude sur 1 500 femmes ayant bénéficié d’un frottis, il existe plusieurs facteurs de risque. Cette enquête avait pour objectif de rechercher les déterminants épidémiologiques et les facteurs de risque liés aux lésions intraépithéliales précurseurs du cancer du col de l’utérus. Il en ressort que la précocité des rapports sexuels (entre 12 et 17 ans), la multiplicité des partenaires sexuels (plus de quatre), et la multigeste (plus de cinq grossesses) peuvent être à la source d’un cancer du col de l’utérus : « Les résultats de cette étude ont permis de mettre en route une campagne efficace de prévention, d’éducation et de dépistage précoce dans les départements situés au sud-ouest du Congo-Brazzaville. »

Si ce n’est pas encore fait, il est donc important pour toutes les femmes de répondre présente aux différentes campagnes de dépistage qui sont organisées dans le pays, et, si leur portefeuille le permet, de consulter un médecin.

 

Tania Mahoungoud

Légendes et crédits photo : 

Photo : Une jeune fille ayant participé à une campagne de vaccination contre l'HPV. (© DR)