Sinistrés du 4-Mars : le gouvernement annonce l’ouverture d'un dialogue citoyen

Lundi 26 Août 2013 - 13:39

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Les administrateurs-maires de Talangaï, Privat-Frédéric Ndeké, et d'Ouenzé, Marcel Ganongo, ont annoncé le 24 août aux sinistrés de leurs arrondissements respectifs l’ouverture imminente de négociations entre le gouvernement et les personnes se retrouvant sans abri au lendemain de la catastrophe

Le but de ce dialogue est de trouver un point de vue consensuel aux doléances des propriétaires des maisons complètement détruites par les explosions du drame du 4 mars 2012, dans les quartiers 64 Kanga-Mbandzi à Talangaï et 59 Dépôt à Ouenzé. « C’est pour cette raison que nous sommes venus vous annoncer l’arrivée, dans un bref délai, de membres du gouvernement pour déclencher ce dialogue pour qu’au cours de celui-ci il se dégage un point de vue consensuel, venant non seulement de l’ensemble des sinistrés, mais aussi avec les propositions du gouvernement », a expliqué l’administrateur-maire du sixième arrondissement de Brazzaville aux sinistrés du quartier 64, rassemblés pour la circonstance à l’école Fleuve-Congo.

Privat-Frédéric Ndeké a également fait le point des différentes démarches qu’il a menées avec son collègue d'Ouenzé auprès des autorités compétentes pour trouver d’éventuelles solutions aux problèmes de ces populations. Il a, par exemple, expliqué leur participation au niveau de la coordination pour la reprise du paiement des 3 millions FCFA. Ils ont ensuite souhaité que les commerçants ayant perdu leur fond pendant ce drame soient indemnisés dans un bref délai. À ce sujet, a-t-il rappelé, trois évaluations avaient été faites par trois structures différentes.

Les sinistrés apprécient différemment le dialogue

Si le prochain dialogue citoyen annoncé par les autorités est le bienvenu pour certains sinistrés, à l’instar du président du comité de crise locale au niveau du quartier 64, cela ne semble pas être le cas d’autres personnes. Ils ont même élaboré un document avant l’arrivée de cette délégation. « Dans ce document, nous avons besoin que le gouvernement arrange le problème de l’habitant, parce qu’aujourd’hui nous constatons qu’il y a deux poids deux mesures. Pour procéder à la reconstruction des maisons dans les autres quartiers, il n’y a pas eu de dialogue. Nous ne savons plus comment faire pour vivre, les tentes qu’on nous avait données ne répondent plus, s’il y a la pluie aujourd’hui, c’est difficile pour nous », a expliqué le représentant de ces sinistrés.

Toujours dans ce document, ils ont demandé au gouvernement d’accorder une indemnité compensatrice à chaque sinistré afin de compenser ce que chacun gagnait en termes de loyer dans sa parcelle. Ce qui lui permettrait, selon leurs propres termes, d’attendre sur place le projet à très long terme du gouvernement.

Au quartier 59 Ouenzé par contre, tous ceux qui ont pris la parole à cette occasion, n’ont pas approuvé l’idée d’un éventuel dialogue annoncé par leur administrateur-maire, Marcel Ganongo. « Le gouvernement nous a envoyés ici pour vous annoncer l’ouverture prochaine d’un dialogue. Je suis venu vous demander de préparer vos doléances en comité. Si vous n’adhérez pas à cette démarche, c’est au gouvernement qu’il faut le dire», s’est exprimé l’administrateur-maire d'Ouenzé.

Les représentants des femmes, des hommes et des jeunes qui ont pris la parole ne semblent pas partager le même point de vue que les autorités. Ils ont demandé aux membres de la délégation de se référer aux évaluations faites par l’ancien ministre Pierre Moussa au lendemain de ce drame. « Ma maison, je vais la refaire moi-même parce que j’ai un entrepreneur. Histoire d’enrichir les mêmes personnes, vous prenez un entrepreneur qui a des marchés dans tous les quartiers. Je suis propriétaire, je n’ai pas besoin de duplex, je la construis avec mon entrepreneur, c’est à prendre ou à laisser, on ne négocie pas », a dit clairement un médecin colonel à la retraite. « Nous n’avons pas à négocier parce que quand le gouvernement a commencé à reconstruire les maisons de Chacona, ils n’ont pas négocié. Si l’État a besoin de nos terrains, Kintelé et 100 km sont encore vastes, notre problème est qu’ils doivent reconstruire nos maisons, cela n'est pas à négocier », a déclaré le jeune Oka.

Des dons pour les femmes et hommes

Les administrateurs-maires ont remis aux sinistrés des dons des vivres et non-vivres, parmi lesquels matelas, couvertures, sacs de riz, de sardines et bien d’autres. Des dons boudés par les jeunes sinistrés des deux arrondissements. « Nous avons amené des choses qui ne peuvent pas remplacer vos maisons, des choses qui ne peuvent pas non plus réhabiliter votre dignité, mais en tant que dépositaires du pouvoir public, nous avons cru utile de venir rencontrer nos mamans et nos pères avec quelque chose. Pour nous, c’est un devoir mais aussi une obligation, ne le prenez pas en mal, ce n’est pas une manière de se moquer de vous, ce n’est que dans ce but humanitaire », a tenté de calmer Privat-Frédéric Ndeké.

Parfait-Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Les administrateurs-maires face aux sinistrés du quartier 59 Ouenzé. (© DR) ; Photo 2 : Les sinistrés apprécient différemment le dialogue annoncé. (© DR) ; Photo 3 : Des dons de vivres et de non-vivres. (© DR)