Somalie : la guerre totale engagée par le pouvoir porte un coup dur aux insurgés

Jeudi 6 Octobre 2022 - 12:23

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Depuis que les autorités actuelles sont arrivées au pouvoir en mai dernier, elles ont promis d’éradiquer par « une guerre totale » l’activité des islamistes shebab radicaux qui combattent le gouvernement voici quinze ans. Et sachant que le pays fait toujours face à un regain de violences, le pouvoir s’emploie à y ramener la paix par des opérations musclées, et a appelé la population à s’éloigner des zones où les djihadistes se sont refugiés ou contrôlent.

« Nous combattrons les shebab en utilisant tous les moyens que permet la guerre, ils seront bombardés, visés par des raids et soumis à des frappes aériennes, alors (...) tenez-vous à l’écart d’eux », a déclaré le président Hassan Cheikh Mohamoud, à l’issue d’une réunion avec les dirigeants des Etats fédérés. « Tout membre des shebab est une cible, toute armée shebab est une cible, de la même manière qu’ils ciblent et tuent le peuple somalien », a-t-il affirmé, demandant aux habitants du pays d’éviter d’être touchés dans la guerre contre les islamistes puisqu’ils ne sont pas les shebab visés.

Plus que déterminé à éliminer ces djihadistes, le chef de l’Etat, qui organise de temps à autres des réunions sur la sécurité nationale avec les dirigeants des Etats fédérés, leur a demandé de se joindre à l’action enclenchée par le gouvernement. « Je sais que le peuple somalien est fatigué des condoléances et du deuil sans fin, je sais que vous perdez des gens respectables dans chaque attaque menée par les terroristes. Je vous invite donc à vous préparer à une guerre totale contre ces gens sans pitié qui sont hostiles à notre paix », a lancé le chef de l’Etat dans un communiqué publié par la présidence. « Nous sommes déterminés à affaiblir les terroristes qui détruisent notre peuple jusqu’à ce que toutes les zones qu’ils contrôlent soient libérées, c’est une priorité pour notre gouvernement. La préparation et la mise en œuvre de ce plan sont en cours », a-t-il souligné, sans donner plus de détails.

Fort de l’ambition nourrie de pacifier le pays, le pouvoir somalien est parvenu à tuer, le 1er octobre, lors d’une frappe aérienne lancée dans le sud Abdullahi Yare, un des plus hauts dirigeants du mouvement djihadiste des shebab, dont la tête était mise à prix pour 3 millions de dollars par les Etats-Unis.

Les forces américaine et africaine en appui à l’armée régulière

La frappe de drone lancée par l’armée somalienne et ses « partenaires internationaux de sécurité » a atteint ce chef terroriste près de la ville côtière de Haramka, a indiqué le ministère de l’Information dans un communiqué. « Ce leader (...) était le prédicateur en chef du groupe et un des membres les plus notoires du groupe shebab », précise-t-on, ajoutant qu’il était également « l’ancien chef du conseil de la Choura et le directeur des finances du groupe », en référence à l’organe de conseil suprême des shebab.

Abdullahi Yare était en même temps cofondateur du groupe lié à Al-Qaida, et considéré comme le candidat devant prendre la tête du mouvement à la place de son chef malade, Ahmed Diriye. Il était un des sept dirigeants désignés par les États-Unis sur leur liste des personnes les plus recherchées en 2012. « Son élimination est comme une épine retirée de la Somalie en tant que nation », a fait remarquer le ministère somalien de l’Information.

Outre la mort de ce dirigeant d’Al-Qaida et de plusieurs autres terroristes intervenue ces derniers temps, l’armée américaine avait affirmé, le 21 septembre, avoir tué vingt-sept combattants djihadistes lors d’une frappe aérienne menée près de Bulobarde, la principale ville sur la route reliant Mogadiscio à Beledweyne, une ville clé à la frontière avec l’Éthiopie. Cette opération et bien d’autres visant à accompagner l’armée somalienne dans la lutte contre les shebab se réalisent après que le président américain, Joe Biden, a décidé de rétablir une présence militaire en Somalie, approuvant une demande du Pentagone qui jugeait trop risqué et peu efficace le système de rotations décidé par son prédécesseur, Donald Trump, à la fin de son mandat.

« Les frappes défensives ont permis aux forces de l’armée nationale somalienne et de la Mission de transition en Somalie (Atmis, ex-Amisom), la force de maintien de la paix de l’UA de reprendre l’initiative et de poursuivre leur opération destinée à empêcher les opérations des shebab dans la région du Hiiraan », commente le commandement militaire américain en Afrique (Africom). Concrètement, ce sont de fréquents raids et frappes de drones qui sont menés dans toute la Somalie en réponse aux demandes de l’armée somalienne et Atmis, engagées dans leur plus vaste offensive conjointe depuis cinq ans contre les islamistes.

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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