Sonnette d’alarme des ONG : plus de 20 000 enfants hors contrôle parental

Samedi 30 Novembre 2013 - 11:37

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Réunis du 27 au 29 novembre à la Halle de la Gombe, plusieurs spécialistes et acteurs de terrain ont appelé à une mobilisation générale de la société congolaise pour faire face à un phénomène qui touche aujourd’hui toutes les grandes villes de la RDC, et tend à se féminiser, avec 44% de jeunes filles dans les rues de Kinshasa, selon une enquête du Reejer.

Le phénomène continue à inquiéter, d’autant qu’il a connu un accroissement de l’ordre de 45% du nombre d’enfants en situation de rue. Sa féminisation augmente les violences sexuelles à la prostitution, les grossesses précoces et non désirées, la parenté précoce ainsi que les réseaux de prostitution, avec des ramifications vers d’autres villes frontalières. La situation est explosive, et n’est pas prête d’être maitrisée. En effet, plusieurs facteurs combinés contribuent à maintenir ces enfants dans la rue. L’on cite, en tout premier, le facteur d’ordre socioculturel, notamment les accusations de sorcellerie et les grossesses précoces. Mais il y a aussi le facteur familial et communautaire, principalement la séparation des parents ou un cas de décès. La RDC compte environ 8 millions d’orphelins et enfants vulnérables qui sont exposés aux risques de stigmatisation et de rejet. D’autres facteurs viennent s’agglutiner, notamment la pauvreté et les guerres. Selon les experts, la déstabilisation d’une famille est une porte ouverte vers la rue pour les enfants. Une famille peut très bien restée soudée en dépit de la pauvreté. Il est indispensable d’agir à la fois sur le terrain et sur les niveaux politique et institutionnel pour contenir le phénomène. Cela devrait passer par une reconsidération du rôle de la famille et de la place de la communauté pour redynamiser la protection des enfants vulnérables. Il importe aussi de mettre en œuvre des mesures préventives pour limiter l’accroissement du phénomène. Le gouvernement est invité à monter une vraie politique nationale de protection de l’enfance pour les atteindre directement. Sans un encadrement conséquent, ces enfants iront grossir le rang des marginaux, en développant une violence urbaine. En effet, plusieurs phénomènes sont nés sur l’étendue du territoire national, notamment les « kuluna», les enfants associés aux forces des groupes armés, les enfants sortis des forces des groupes armés, les enfants des mines, les enfants orphelins et même les enfants issus du viol. « Il faut vraiment un grand travail. Dans chaque ville du pays, on ne donne plus des noms aux enfants, on les identifie avec des qualificatifs qui participent à leur destruction, au lieu d’aider à leur réinsertion », a affirmé le Reejer. Cette ONG active à Kinshasa a déploré l’absence des mesures d’application de la Loi sur la protection de l’enfant. Au jour d’aujourd’hui, certaines dispositions ne sont pas applicables faute de mesures d’accompagnement. Durant trois jours, les participants aux travaux ont développé une approche basée sur la promotion et la protection sociale. L’objectif était de mettre en lumière les particularités du phénomène et son impact physique, d’engager des réflexions communes autour de la prévention et prise en charge ainsi que de proposer des recommandations d’une politique sociale favorable aux enfants. Il s’agit d’un colloque qui s’inscrit dans le cadre de la « Quinzaine d’enfants en situation de rue ». Les initiateurs du colloque sont la société civile congolaise, le Réseau des éducateurs des enfants et jeunes de la rue (Reejer), et le collectif des organisations internationales pour la protection des enfants en rupture familiales. À leurs côtés, il y avait les membres des ONG nationales et internationales, les spécialistes du domaine de l’enfant et les acteurs de terrain.

Laurent Essolomwa