Sportissimo. Lucien Tshimpumpu wa Tshimpumpu dans les oubliettes

Vendredi 7 Juin 2019 - 11:25

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Bâti sur un physique svelte et athlétique, mais imposant, Lucien Tshimpumpu était un célèbre journaliste sportif africain, homme de rigueur et discipliné dans le travail. Il aimait l’ordre et la propreté. Il a excellé dans la presse écrite et l’audiovisuel à telle enseigne que sa plume objective et épistolaire faisait sensation. L’objectivité de l’analyse sans complaisance dans un timbre de voix agréable à l’auditeur et au téléspectateur, ses innombrables initiatives à la contribution et au développement du sport africain avaient fait de lui, sans conteste, un expert en matière des sports. D’une critique sportive, Lucien était respecté et plus adulé en Afrique de l’ouest et au Maghreb. il avait donné de la valeur à la corporation des journalistes sportifs. En Côte d’Ivoire, où il avait collaboré dans Fraternité Matin, il était considéré comme un roi. En Guinée Conakry où il avait épousé sa femme, il avait dû asseoir sa réputation à travers l’Afrique et le monde qui ont salué la pertinence de l’homme à travers sa logomachie et au regard à la « raspoutine » qui suscitaient des vibrations des esprits sensibles.

Fondateur et président de l’Union des journalistes sportifs du Congo et aussi de celle des journalistes sportifs africains, Lucien Tshimpumpu était également, de son vivant, vice-président de l’Association internationale de la presse sportive africaine, correspondant de RFI, éditeur du journal sportif Masano en République démocratique du Congo (RDC) et président directeur général du magazine panafricain, Le sport africain.  Il avait initié le trophée Nelson-Mandela à travers l’Union africaine sport pour tous, qui récompensait les pays qui se seraient distingués dans l’organisation des sports des masses comme le trophée Mobutu-Sese-Seko qui primait les meilleurs athlètes africains de l’année, toutes disciplines sportives confondues.

En 1994, il avait prédit la fin de l’apartheid et la libération de Nelson Mandela. Et les événements lui avaient donné raison. Président des reporters sans frontières /section RDC, cet ancien ministre des Sports et loisirs a terminé sa vie publique et d’homme d’Etat par la politique où il fut parlementaire issue de la Conférence nationale souveraine, durant la transition de la RDC, son pays où il avait siégé au Haut conseil de transition, pour le compte de la société civile. Il est père de deux filles dont l’une, Lili Tshimpumpu, est à ce jour responsable du football féminin de la RDC.  Lucien Tshimpumpu wa Tshimpumpu passe à l’heure actuelle pour une célébrité jetée dans le panier des oubliettes. D’une générosité exagérée au service des autres, il était un humaniste doublé d’un grand journaliste sportif africain qui mérite de la corporation les honneurs par une pérennisation pour les œuvres rendues à la contribution de la promotion et au développement du sport africain.

 Ancien chroniqueur d’Afrique football, voici quelques témoignages sur lui.

Mulélé Foundoux : « Lucien Tshimpumpu était incontestablement l’un des plus grands journalistes sportifs africains, réputé à travers le monde. Il m’avait cité, en 1968, parmi les meilleurs joueurs de la sixième édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), en Ethiopie, bien que mon pays, le Congo, fût débarqué en phase des poules. Je retiens de ses interventions l’objectivité et la pertinence qui l’ont fait émerger en Afrique et partout dans le monde. Il s’était fait de grandes amitiés avec tous les sportifs qui l’adulaient sans distinction d’âge, de sexe et de hiérarchie sociale. Humaniste, il était un homme extraordinaire qui avait su maîtriser avec compétence son métier de journaliste sportif où la complaisance n’avait pas droit de cité. Ses initiatives se recoupaient au regroupement de ses collègues et des sportifs parmi lesquels, il avait compté beaucoup d’amis et d’admirateurs. Je retiens aussi qu’il était d’une générosité exagérée au point qu’il s’oubliait dans la vie au quotidien. Son meilleur plaisir était de rendre à l’autre une vie agréable. Très sympathique et élégant, il était doté d’une volubilité charmante. Sa mort m’a fait de la peine que je continue à ressentir jusqu’à ce jour de cette évocation des souvenirs ».

Gérard Dreyfus : « Notre ami Lucien Tshimpumpu, sans conteste, était l’un des meilleurs journalistes sportifs africains. Il avait de la noblesse dans le nom de Tshimpumpu wa Tshimpumpu. Il nous impressionnait un peu tous, nous autres Blancs qui ne connaissions pas grand-chose de l’Afrique. Lucien était un chevalier de la plume sans peur et sans reproche. Extraverti, il était à la fois journaliste et acteur d’un personnage sorti du roman de Balzac. Un peu mystérieux, souvent il avait un verbe facile, la critique acerbe. J’ai appris à connaître l’Afrique par ses écrits sans savoir qu’il serait mon mentor qui m’enrichissait par ses analyses. Je me rappelle les discussions en 1982 avec lui sur la décision de la Confédération africaine de football de lever le quota des joueurs expatriés autorisés à disputer la CAN et qu’il était très favorable. Esprit pétillant, journaliste de sport qui avait difficilement sa place en Afrique où il n’était pas facile de construire une vie sociale aisée. Tshimpumpu aurait dû rester éternellement le journaliste le plus intelligent que j’ai connu dans ce continent. » Président du Comité olympique congolais, il avait introduit dans son pays, en 1999, le mouvement de sport pour tous, sport de maintien et de santé.   

 

Pierre Albert Ntumba

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